14e Biennale d'Art Contemporain de Lyon, la foule comme une sombre vague, en bord de Saône...
Avec de la bière, de bonne qualité, de la Duvel, puisque cette société est l'un des importants et fidèles soutiens de la Biennale ! De quoi régaler le peuple, vêtu comme une large assemblée de miséreux, en noir, en gris. Sinistre ! Pendant cette soirée, ils ont la sensation d'appartenir à un groupe. Quelle illusion ! En fait, ils s'illusionnent complètement. Ils sont dupes. Comme d'habitude, me direz-vous. Je suis définitivement abasourdi par les discours des politiciens. Et pourtant, il faut relativiser. Il n'est pas très loin le temps, où Jean-Jacques Queyranne et Gérard Collomb, le méchant ministre de l'Intérieur, jouaient les prophètes de l'urbanisme du XXIe siècle.Tous deux ont disparu pour des raisons diverses. Queyranne fut chassé du Conseil régional par Laurent Wauquier qu'on ne voit jamais. Dommage ! Il expédie à sa place, la vice-présidente en charge de la Culture dont le métier est la publicité. Toujours vêtue comme une bobo à la mode de la fin de l'ancien millénaire. Tout cuir, puisque, c'est ainsi que je la surnomme, était venu déclamer les mêmes insuffisances culturelles qu'à son ordinaire, limitant ses propos à quelques chiffres, dont le public n'a rien à faire. Sylvie Burgat était parfaite dans son rôle de lien efficace. Le préfet du Rhône, Henri-Michel Comet, en idéal commis, lui aussi, était parfait. Il était raide, comme l'était l'ordre républicain, à l'époque du général de Gaulle. Sait-il que le général de Gaulle est mort ? David Kimenlfeld, au nom de la Métropole, qu'il préside depuis quelques semaines, fut aussi ostentatoire que ses prédécesseurs à la tribune. On aurait dit qu'il était en place depuis des années. Quel illusionniste ! Où, sera-t-il l'an prochain ? Quel comédien ? Presque aussi bon que Georges Képénékian, silhouette désavantageuse de Gérard Collomb qui promena sa bedaine compromettante (parce qu'elle est révélatrice de sa coupable et dangereuse gourmandise) dans les allées « événementielles ». Son discours fut un des plus remarquables. Il venait du cœur. On est toujours bien, quand on s'exprime avec sincérité. Georges Képénékian serait-il en progrès ? On n'a pas donné la parole à l'adjoint à la Culture. Tant mieux, que pouvait-il ajouter, sympathique jeune homme, à ces sempiternels délires verbaux ? Thierry Raspail peut-être concepteur de son ultime Biennale, fut comme à son habitude, très près de ses dossiers, et tout particulièrement de Veduta, cette ouverture providentielle sur les pratiques d'Art contemporain, dans tous les quartiers lyonnais. Une sorte d'intelligente réplique à l'hégémonique Biennale de la Danse. Les Mondes Flottants, tel est le titre de cette 14e Biennale. Je vous recommande, au passage, la lecture du livre d'Alan Spence « Le Monde Flottant » publié chez Héloïse d'Ormesson. Emma Lavigne, commissaire très chic, dans son imperméable léopard, et ses chaussures d'as de la piste, revues et corrigées par Karl Lagerfeld, rayonnait comme une sirène lumineuse et inspirée au sein de l'oeuvre de Shimabuku qui sert d'étendard à la Biennale, avec ses poissons volants multicoles dans un ciel bleu. L'intérêt de la 14e Biennale, à la Sucrière, repose sur quelques pièces spectaculaires : la grande vague de soie ondulante et les réseaux « Wide White Flow » de Hans Haacke, né en 1936, en Allemagne, qui vit et produit à New York, la chute d'eau de la fontaine monumentale et musicale « Sonic Fountain » de Doug Aitken produisant des sons évocateurs de John Cage, l'araignée vorace et prodigieusement fileuse de l'argentin Tomàs Saraceno, les murs de moellons gris enfermant l'Art de la Modernité (Arp, Fontana, Etienne-Martin, etc) de Berger et Berger qui vivent à Paris, l'immense déversoir en forme de sous-marin allemand plein de sel blanc et fin « Hollow/Stuffed : market Iaw » de Damian Ortega, inspiré du poème de T.S. Eliot, la machine à bulle « Cloud Canyon » de David Medalla, l'amas de gravas en béton de Lara Almarcegui également invitée de Veduta. Le public badaud est comme au cirque devant les animaux fabuleux et savants qu'on lui montrait, au XIXe siècle. Nous évoquerons, prochainement, les autres lieux de la Biennale : Mac de Lyon, Institut d'art contemporain de Villeurbanne, la Biosphère de Richard Buckminster Fuller comprenant l'œuvre de Céleste Boursier-Mougenot, Résonance, Veduta, Couvent de la Tourette, Fondation Bullukian, etc. Alain Vollerin. 14e Biennale d'art contemporain de Lyon, à la Sucrière jusqu'au 7 janvier 2018. www.biennaledelyon.com