62e Salon d'Hiver, invité d'honneur : Jacques Deal...
Au contraire, il est riche d'événements et de personnalités, d'ailleurs, il fallut trois pages d'écriture à l'adjoint à la Culture, Loïc Graber, pour en retracer l'histoire en piochant dans de bons livres. Il fallait le voir corriger son texte, juste avant sa prise de parole. En l'absence regrettée du président du Département du Rhône, Christophe Guilloteau, qui a tant fait ces derniers temps pour l'école lyonnaise, l'assemblée avait compris qu'elle pouvait compter sur un nouveau soutien indéfectible, bien qu'un certain article publié dans le Progrès, nous faisait craindre que les décisions culturelles ne fussent prisent dans un char de la Gay Pride. Il n'en sera rien, et, Loïc Graber qui avait conquis d'emblée notre intérêt, l'a retrouvé hier, en avouant que l'entretien était ancien, et, le contenu polémique issu de la volonté de David Tran que nous connaissions pour son militantisme excessif, la preuve. David Tran n'a utilisé que quelques minutes d'un entretien qui dura une heure trente. Curieuse pratique. Le Progrès était devenu une succursale de la revue Têtu, conçue par Pierre Bergé Enfin, on donna la parole au personnage le plus important, l'invité d'honneur : Jacques Deal. Cette année son choix est particulièrement justifié par son véritable métier, par son inspiration qui donne toute sa liberté à la profondeur de son regard sur les « palinoderies » humaines. C'est le regard d'un pitre orateur, aurait dit Evaristo, émigré espagnol, qui avait du mal avec l'usage de la langue française. Un piètre orateur, c'est-à-dire, un orgueilleux rentré, un timide. Il découpe. Il colle. Il donne vie à des êtres hybrides (tête d'âne sur un corps mondialisé par l'image cinématographique, ou, télévisuelle). Jacques Deal a beaucoup exposé : chez Souchaud, à Lyon, chez Lefor Openo à Paris, et les membre du Jury (tenu secret) ne se sont pas trompés. Bravo ! L'homme assume ses contradictions. C'est un artiste indéniablement. Il ne boit plus de vin, mais, il en propose à table. Il ne fallait pas trop, car, c'était une ignoble « fusine » incapable de tromper le palais gourmand du secrétaire général du Salon, Daniel Petit, admirateur des cuvées d'Olivier Depardon, à Morgon. Ce breuvage honni fit la honte de la patronne les lieux, Valérie qui ridiculise ardemment la tradition lyonnaise, et surtout, celle des sept saladiers remplis de produits trop salés, aux allures douteuses. Nous avions si bien dîné, l'an dernier, chez l'ami, Yves Rivoiron. Hélas, il a vendu. Tant pis pour nous, Yves, lui a bien vendu. Tant mieux ! Le Salon s'ouvre aux travaux d'ex-élèves de l'école des beaux-arts de Lyon : Pascal Berger, (qui vient de participer dans le cadre de Résonance à la XIVe biennale d'art contemporain de Lyon), et, Christine Berger-Mallet qui obtint le prix du Jury (elle prépare, ce qui sera un événement, au Printemps, une exposition commune avec Pascal Berger dans l'Orangerie du Parc de La Tête d'Or), alors que la médaille d'Or revint avec juste raison, à Juani Rodriguez, si identifiable à l'actualité de notre Design. Lara Rolland annonça toute la liste des récipiendaires, où, figurait le nom d'un jeune artiste, prix Boesner 2018, Bulliod Maxime di Skams, né à Jujurieux, patrie de l'écrivain, Charles Juliet, et du plasticien, Louis Renardat-Fache. Jean-Paul Schmitt, lui, s'exprime désormais dans une série sur les intérieurs de cafés que n'auraient pas répudié les new-yorkais familiers du Café Society. Agnès Thiollier demeure fidèle aux parfums de ses couleurs subtiles. Ashaya Chazal Nathalie vit, comme on accomplit un rituel dans l'encens, et le goût pour la pensée Zen. Le nu recueilli en lui-même de Karole Aubourg devrait rendre plus modestes certaines extrémistes, comme l'actrice, Gwyneth Paltrow. La vérité n'est-elle pas dans la moitié de notre cheminement ? Anne-Marie Callamard a toujours l'air de dormir dans le lit de Marie-Thérèse Bourrat. Curieusement, la peinture de Chantal Bonhomme évoque celle d'Antoine Chartres ? Un grand moment, la Rencontre, puisqu'il en était question dans le thème, entre Tracey Chouvin, venue d'Australie, que nous avions exposée, l'an dernier, et un de ses collectionneurs lyonnais, Guy Ostier, professeur de français, et, ex-principal du collège Françoise Dolto, à Chaponost. Longtemps épouse du chef, André Chouvin, âme innocente, Tracey Chouvin peint une vie heureuse dans l'explosion de la lumière sur le lac de Tumbi. Vous pourrez la rencontrer chaque jour. Elle est si différente des préoccupations consuméristes de nos concitoyens la peinture de Jean-Pierre Colley, avec ces files de moines processionnaires, son paravent mystérieux et sa fleur de chèvrefeuille. Geneviève Cornu, lucide et toujours ouverte au monde des autres. Cécile de Kock, fidèle à la ligne de son père, et partisane du Salon. Crozet Ramuntcho, artiste singulier, emmuré derrière la dernière peinture de Pablo Picasso, un crâne humain. Le nid de verdure d'Alissa Petit est étrange, hélas, il évoque un territoire propice aux pires rencontres nocturnes. Renée Delomier qui cherche autant qu'il est encore possible avec Forme et Carré. Il faut unir dans le même hommage mérité deux activistes dévoués : Gilbert Duchesne, infatigable dénicheur, dont l'oeuvre n'a pas encore obtenu la considération méritée, et, celle de Jean-Michel Reviran, discrète comme lui, mais réelle, au creux du temps. Lara Rolland, encore elle, capable d'écrire une cathédrale somptueusement effervescente dans la lumière de la nuit des rois. Jacky Pécheur vit et travaille à Fareins à l'orée du Beaujolais, où, vit une personnalité détonnante derrière une fausse modestie redoutable, le président du Salon de la Lyonnaise des beaux-arts qui disparaitra peut-être de nos champs d'actions, avant que nous n'ayons mesuré l'inanité de ses vaniteuses prétentionsà un modernisme découvert dans des catalogues de marchands de tout, et de rien. Oui, la démarche de Jacques Fabry est trop facile pour être honnête, et s'inscrire dans la durée. Dominique Phénix agit dans les particules élémentaires d'une abstraction innovante. Je suis surpris cette année, par le nouveau talent de Michelle Paillard-Carré, décrivant aisément, une femme élégante du milieu des années cinquante, avec quelques couleurs presque primaires : un noir posé sur un rouge, un jaune-orangé pour définir la profondeur de champ, un plan blanc pour signer une liberté vraie. Je connais quelques pseudos « chaînons manquants » dans l'histoire de la peinture lyonnaise qui pourraient, ici, prendre de fondamentales leçons. J'aime beaucoup les compositions « symétric » de Léon Piesowocki, elles appartiennent aux origines de la Modernité. Michel Dubouloz, personne mieux que lui ne décrit le monde défait, où nous vivons, un éclatement, des traces, après une explosion.Yvette Nadau revient en première place. Elle est libre, sans effusion négative. Elle a bien raison de l'être. Elle nous a convaincu de sa coquetterie de rêveuse Zen. Jean Meunier-Curtinet est le peintre d'un paysage unique, celui de la baie de SaintTropez, ses bateaux, et la mer, depuis la plage de Cigaro. Claude Martinet décrit son atelier, et, comme elle sait le faire, proche du sublime, des fonds marins qu'aurait pu choisir Louis-Ferdinand Céline pour sa traduction des mystérieuses Abysses. Je reste fidèle aux équilibres de Jean Métral sur son fil d'Ariane. Il y a peu de sculptures intéressantes par la faute d'un manque de professeurs de qualité à l'école des beaux-arts de Lyon, mis à part l'admirable Jean Larrivé, Louis Prost, où sévissaient les frères Bertola, André Tajana, Francisque Lapendéry, Yvan Avoscan, etc. La seule originalité fut celle de Georges Salendre. On en trouve encore dans les pièces de Jean-Pierre Magnol, installé à Poleymieux au Mont d'Or. Janie Petit s'installe dans sa manière, un style qu'elle impose progressivement, son Miroir exprimant une monumentalité parfaite, sans faute. Chantal Hayette est à côté, dans la majesté de ses découvertes abstraites marquées par un paysagisme revendiqué, exprimant une ferveur capable de vous atteindre dans vos certitudes. L'idée était excellente de les réunir dans la première galerie, un univers aussi honorable que la Grande galerie, surtout, quand les créations sont d'une telle qualité. Un Salon est un lieu d'accueil pour des âmes d'artistes dont il faut préserver la fragile sensibilité. Par l'éducation et la distinction reçue, et désormais incarnée, comme présidente du Salon, Chantal Hayette, avec le soutien du secrétaire général, Daniel Petit, préserve avec humanité toutes les sensibilités présentes. Voici, ce qui fait la différence avec d'autres institutions, un esprit de famille, le respect de certaines valeurs partagées, comme la haute valeur de l'Art. Bien que vivant, à Rontalon, où, œuvre un valeureux paysan qui me fournit des produits sains, Maryvonn Marguerin fait des voyages sous la latitude Nord. Je veux dire encore, l'immense courage de Catherine Lesaffre qui traduit ses bonheurs et ses chagrins dans ses « Arbres ». Cette année, le décès de son père, dont elle était très proche, et la mort d'un ami, un amoureux très sincère, depuis leur adolescence, et qui mourut après avoir révélé cet amour inconditionnel. Deux drames qui font pleurer les « Arbres » de Catherine Lesaffre. Ils sont merveilleux dans la traduction d'une solitude, d'un désespoir, jaillissant et nourrissant une mer de larmes bleutées, « Un Souffle bleu », une « Murmuration » du malheur ineffable. Pauline Girod équilibre ses détachements, sa Symphonie automnale, ses méandres dont certains furent responsables de vastes douleurs. Désormais, une page se tourne. Je tiens à marquer notre solidarité, à l'heure, où, les amis de Jack Douillet, pleurent sa disparition. Maxime Signaire, qui présida le salon, a su trouver les mots justes pour dire sa peine et celle de ses camarades dans le catalogue. Une visite à l'Hivernal s'impose avec vos amis, ou, en famille. Jusqu'au 28 janvier 2018. Palais municipal-20, quai de Bondy-Lyon 5e.