79e Salon Regain au Palais de Bondy...
Pas facile d'entrer. Les pompiers appliquent des ordres imbéciles : ne pas ouvrir avant dix-sept heures. Et, ils le font sans le moindre sourire. J'ai toujours dit qu'il ne fallait pas donner des responsabilités à ceux qui sont là pour exécuter des ordres, tout en restant au service du public. 70 artistes sélectionnés par la présidente : Elise Palmigiani, la vice-présidente Delphine Amoudjayan, Manolis Biblis, Georges Mossuz, etc. L'accrochage fut aménagé par Gérard Elefteriou, et Isabelle Mossuz, tous deux admirables de dévouement à la cause commune. Pendant le vernissage, on entendit le maire du 5e, Béatrice Galliout, et l'adjoint à la culture de la mairie de Lyon, Loïc Graber. La présence de Nicolas Kouzoupis, président d'honneur, fut remarquée par tous ses amis. Il ne faut jamais préjuger de l'avenir de l'œuvre d'un artiste. Gérard Elefteriou est encore capable de nous surprendre. Lui, qui peignait plutôt dans des dimensions modestes atteint maintenant des grands formats, où il exprime toujours le souvenir de paysages chaleureux exprimés avec de puissants volumes, comme dans cette toile fidèle à une réelle mystique, intitulée : Ombres et Lumières 1. Gérard Elefteriou est une des plus respectables identités de ce salon qui fut celui des quêteurs de spiritualité. Ne nous laissons pas tromper par l'apparence. Les œuvres de Jaké ne sont pas des copies des toiles des frères Di Rosa. Elles sont plus descriptives de la réalité sociale, de notre évolution. Elles sont extraordinairement invasives par la force de rencontres improbables. La couleur surgit, efficace, mais, tout à fait maitrisée. Un certain humour est présent, sans doute nécessaire, pour apporter de la distance. Delphine Amoudjayan pratique les techniques mixtes pour dire les lumières de notre cité, avec succès. Denis Baudrier doit beaucoup à l'œuvre de Jacques Monory. Il a oublié le bleu fondamental du peintre de la Figuration Narrative pour des tonalités de beige et de rose. Olivier Cardin porte un nom célèbre. Ses compositions ne s'arrêtent pas à l'influence de Pablo Picasso. Son Minotaure n'est pas l'acteur, mais l'observateur de nos phantasmes. Claude Couteau est une des valeurs historiques et incontestables de ce salon. Elle a encore produit un de ses vastes formats où le sujet naît comme l'histoire miraculeuse d'un foisonnement providentiel. Odile Daventure vient d'abandonner la couleur. Elle nous dit, en usant de la mine de plomb, l'enfance étonnée, peut-être l'abandon, et la solitude. Danielle Dehoux-Grafmeyer vit sa peinture qui exprime non seulement des mondes intérieurs, mais aussi, les métamorphoses naturelles de l'univers, comme le révèlent les titres de ses compositions : Oiseaux de Paradis, Démons et merveilles, et, dans le souffle du vent. Sandrine Etienne est bordelaise. J'avais regretté l'an dernier, qu'elle exprime ses ajoncs rouges, ses interstices dans de petites dimensions. Nous verrons, l'an prochain, si, elle parvient à s'exprimer dans plus de liberté gestuelle. Nous sommes toujours heureux de voir célébrer l'œuvre prophétique du regretté Fayard, dit « Aya ». Hélène Giroudon construit un climat de nostalgie dans la Maison de Crépieux, non loin de celle où j'ai vécu une dizaine d'années. Laura Julien présente un des plus authentiques tableaux de ce salon, avecLe mariage de Rose Marie. Un membre de sa famille. Elle mourut, quelques mois après cette cérémonie, qu'elle redoutait terriblement. Cette mort est le symbole d'un profond échec, vécu silencieusement par l'ensemble de la famille. Sur un fond bleu, chaque personnage livre les traits de sa nature réelle. Certains sont en couleur. Ce sont les membres les plus proches de Laura Julien. Les dames portent de larges chapeaux décorés. Les messieurs encostumés, des nœuds-papillon noirs. Un véritable chef d'oeuvre d'émotion et de vérité. Claude Leclercq est sorti de sa ferveur religieuse. Il trouve la paix dans l'errance, avec la complicité d'une lumière très convaincante. Je me souviens de Jean-Paul Albinet, à Paris, qui célébrait les codes barres. Marina DH utilise, intelligemment, les QR Codes pour évoquer ce nouveau langage, mais aussi, les symboles de la signalisation routière, et obtenir finalement des compositions dignes des recherches des maîtres de l'Abstraction construite, comme Piet Mondrian. Isabelle Mossuz bouleverse les canons de la sculpture avec ses objets mêlant le verre et la céramique. Elle joue un rôle important dans l'organisation du salon. Elise Palmigiani s'investit dans l'Abstraction portée par des couleurs soutenues. Je crois qu'un jour prochain, Elise Palmigiani révèlera la vérité de ses sensations personnelles. Danielle Perge-Requien peint dans la même liberté un désert, ou un bistrot. Serge Preher retient notre attention en nous interrogeant, entre effets de profondeur évocateurs de Bram van Velde, et la subtilité du dessin précis d'un papillon bleuté. Il nous questionne : Fleurs mes amies, où êtes-vous ? Est-ce le contraire de ce l'on pense ? Serge Preher a raison, l'artiste est là pour éveiller notre attention. Aleksandar Todorov peint dans une mécanique mentale, respectueuse de l'enseignement des Abstraits construits russes. Walter Scott, avec son nom propice à l'écriture de romans de chevalerie à succès, se nourrit d'humour, à la façon de Gaston Chaissac, pour décrire la Tête à Toto. Pour moi, l'expression de la plus complète sincérité est représentée par la production d'Alain Schmitt. Il n'utilise aucun des subterfuges offerts aux artistes pour « faire œuvre ». Fabuliste contemporain, il va droit au but, en décrivant les Vautours et les Pigeons, l'Ane et le Chien, et surtout, le Corbeau et le Renard. Simple, sans discours, subtil et vrai. Regain demeure cette rencontre des Arts que voulaient ses animateurs, Camille Niogret, et René Maria Burlet. Une visite s'impose... Jusqu'au 1er octobre 2017-Palais de Bondy-Lyon 2e. Informations en consultant le site www.facebook.com/salon.regain