81e Salon de la Société des Aquarellistes Lyonnais, à l'Espace Berthelot...
Ce week-end, la France commémorera les tragiques événements qui ensanglantèrent, à Paris, le Bataclan, des terrasses de café et le Stade de France. De plus, la célébration du 11 novembre offre un « grand pont » à tous les excédés d'un climat politique stressant. Chacun veut se détendre, une attitude bien compréhensible. Certains, exemplairement emportés par leur passion bravèrent la pluie et le froid, et une circulation « impossible » pour rejoindre nos généreux aquarellistes, toujours très positifs. Oui, ils en ont vu d'autres. Au temps, où le dessin était proscrit, que n'entendirent-ils ? Désormais, la page semble tournée. L'influence sectaire des tenants de l'Art contemporain se distant progressivement. Un univers entier, aux empiriques tentacules, doute, lui aussi, envahi par des milliers de suiveurs, disciples et victimes d'un pouvoir intransigeant. Les aquarellistes œuvrent dans le même plaisir, forts de leur technique, et d'une inspiration infinie. A l'origine, en 1807, lorsque, l'école des beaux-arts de Lyon réouvrit ses classes de fleurs, les élèves faisaient l'acquisition d'un état d'artisan, avec un diplôme. Ils obtinrent, une vingtaine d'années plus tard, le statut d'artiste, avec le soutien de François Artaud (1767-1838). Nos aquarellistes, d'aujourd'hui, sont les dignes descendants de nos pionniers des classes de fleurs : Antoine Berjon, Pierre-Etienne Remillieux, Jean-Piere Lays, Jean-Antoine Grand-Piégay, Joanny Maisiat, et particulièrement, André Benoît Perrachon. Comment ne pas célébrer Thierry Grosfiley, formé à l'école des beaux-arts de Lyon, adepte d'une verticalité dans la composition de ses grands bouquets qui emporte notre enthousiasme ? La palette de Philippe Allain est ici, une des plus personnelles. Elle sert un esprit modeste, attaché à décrire le monde avec singularité. La modestie et la retenue sont les qualités les plus partagées dans ce Salon. Gilles Durand présente parmi ses œuvres une aquarelle construite dans la hauteur, au dessin affermi, et, aux tonalités variées. Renée Fra's Perret aime les roses blanches, et nous aussi, particulièrement les siennes. Patrick Galante est très à l'aise dans une peinture proche de l'abstraction, dont le bleu traduit l'atmosphère d'Essaouria, au Maroc.. Alain Fontaine fut ému par un climat de sauvagerie, dans une rue qui témoigne d'une invincible détresse. Georges Boulé démontre sa maîtrise du dessin et de la couleur. Marius Cousin, le peintre des fleurs, donne naissance à une plantureuse jeune femme brune, comme à un rêve inaccessible. André Lebreux décrit un paysage breton, où, les vagues viennent mourir sur la jetée rocailleuse, dans des vagues déchirées de blancs et de gris. Claudius Pralus, nous enchante toujours. Cette année, il a délaissé les rues et places de Lyon, pour célébrer les paysages de ùontagne. Claudius Pralus met en scène avec délicatesse, la neige cachant derrière un flocon féerique, la nature à l'orée de l'hiver. Christiane Bonicel, l'invitée de cette année, peint des roses, avec un savoir-faire, qui fait l'adhésion du maître du genre, Marius Cousin. Enfin, Gilbert Abric, providentiel président, plus doué pour l'administration que pour les discours officiels, décrit des instants de vie, dans des petits formats, avec la sincérité qui est la sienne. Je me souviens d'une jeune femme à moitié dissimulée derrière son parapluie rouge. Il propose aussi une remarquable composition dans la hauteur représentant une promenade bucolique et idyllique, au printemps, sous les frondaisons. Jeannine Gay, présidente d'honneur, dont le grand-père, Eugène Villon fut un des fondateurs de ce Salon, attestait de la pérennité de cette institution lyonnaise. La présence d'Yves Malfroy président d'honneur de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts, et de Daniel Petit, secrétaire de l'Hivernal de Lyon, témoignait de la convivialité ambiante. Pour conclure, je dirais que les Salons ont encore un rôle important à jouer de nos jours, celui-ci, surtout, parce qu'il est un modèle, le conservatoire de nos connaissances, le réceptacle de notre patrimoine. Espace Berthelot-14, avenue Berthelot-Lyon 7e, jusqu'au 28 novembre 2016.10h-12h et 15h-19h. Week-End 10h-19h.