A la Fondation Renaud, Regards sur l’Hôtel-Dieu…
Regards ? Vous avez dit... Que sont ces regards ? Qui cachent-ils ? Seraient-ils croisés ? Des idées pour faire des regards ? L'art conceptuel ferait-il des ravages chez les peintres lyonnais ? En tous cas, ils sont souvent habités ces regards, portés, hallucinés parfois. Notre Hôtel-Dieu n’en sort pas indemne. Il faut dire qu’après les outrages que souhaitaient lui faire subir, Gérard Collomb et ses amis d’Eiffage, tout est pour cet honorable monument, joie et réconfort. Michel Havard, candidat à la prochaine élection municipale, démonra lors d'un échange verbal avec le professeur René Mornex, sa profonde connaissance du dossier de l'Hôtel-Dieu. Parmi les meilleures œuvres présentées, indiscutablement : Eugène Villon, Venance Curnier, Jean-Albert Carlotti, Jean Couty, Marc Aynard, Jean Fusaro, Nicolas Safranoff, Claudius Pralus, Jacques Truphémus, Alain Demond. A l’origine de ce projet, il y a le professeur René Mornex, endocrinologue respecté, et l'association des Amis de la Santé qu'il préside efficacement. L'une des plus passionnantes peintures présentées est celle d'Alain Demond. Il a su donner à cette architecture que voulait réduire à néant, le célèbre Tony Garnier, sa monumentalité inégalable, en forçant astucieusement sa silhouette prodigieuse. Pour la réussite complète de cette exposition, il eut fallut un chaînon inéluctablement manquant. Je veux parler de celui qui fut élève de l'école des Beaux-Arts de Lyon, Jean-Marc Requien. On peut être un remarquable collectionneur, et un peintre sans imagination. Damin en fait la démonstration, depuis toujours. Il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées, pour réussir de bons tableaux. Dieu merci, je ne peux plus dire de mal des œuvres de Michèle Caussin-Bellon. Si vous croisez, le jésuitique Marc Bisson-Barbier, glissez à son oreille que son grand-père était loin d'être un artiste sans défaut. Nul n'est parfait, et à l'impossible... Beaucoup de monde. La foule des grands jours. On pouvait se croire, en avril, au vernissage du magistral hommage à Jean Couty, au LCL. Quel divin souvenir ! Régis Bernard voit des manèges partout, pour d'autres, c'était plutôt des nains. Alors, il en a posé un devant l'Hôtel-Dieu, au mépris de toutes les règles de perspective qu'il ignore depuis toujours. Bogousia manque complètement d'imagination. Des griffures intempestives tentent de donner le change, sans succès. Pourquoi, ce hiératique Eugène Brouillard, dont le sujet est la destruction de l'Hôpital de la Charité? Véritable drame patrimonial qui doit être reproché à jamais, au « père Herriot ». Arlette Dissard n'est pas un peintre prétentieux, sa modestie l'honore. Si on vous dit que Favrène s'inspire de Veimberg. Ne vous précipitez pas pour le nier, vous auriez tort. Eric Gouttard a trouvé un angle de vue, hors de l'ordinaire. Bravo ! Mais, le chef-d'œuvre absolu est incarné par la composition envoûtante de Charles Lacour qui réalisa de très nombreux paysages issus des rues de Lyon. Une merveille ! Dommage que dans le catalogue, les reproductions soient aussi indigentes, comme me le faisait remarquer mon amie, Danielle Devinaz, journaliste au Progrès. René Deroudille, pharmacien et critique d'art, aimait répéter « trop souvent les choses sont mal faites ». Comme, il avait raison. Nous assistons ici, à la revanche du délire, ainsi Macha Belsky aurait risqué, à la grande époque de notre Hôtel-Dieu, la camisole de force pour son hystérie picturale. Macha Belsky serait-elle à son corps défendant, une sorte de Camille Claudel de la peinture ? On ne sait pas pourquoi, certains présentent une toile, certaines plusieurs. Le pouvoir de séduction des artistes serait-il un élément de sélection décisif ? Certains, on cru reconnaître Georges Képénékian qui effectue, non sans une visible angoisse, ses dernières sorties comme adjoint à la Culture de la ville de Lyon. Ils seront peu nombreux à le regretter, tout simplement, parce qu'ils ne le connaissent pas, tant son passage fut discret. On pouvait voir un hobereau des temps actuels, excentrique enviablement, en la personne d'un jeune homme de vingt deux ans, Vessaud. On peut toujours lui recommander de persévérer. Il est encore bien jeune. A l'étage, on voyait une remarquable exposition historique, à propos des origines de l'Hôtel-Dieu. Venir pour une exposition, et s'en voir proposer deux est plus qu'une surprise, mais une bousculade mentale qui troubla plus d'un des très abondants visiteurs. René Mornex tenait à la reconnaissance de l'association des Amis de l'Hôtel-Dieu. Le projet est réussi. L'objectif atteint. Fondation Renaud-Fort de Vaise jusqu’au 12 décembre 2013. 25-27 boulevard Saint-Exupéry-Lyon 9e. Tel : 04 78 47 10 82