Alain Roche et Paul Marandon à la galerie Mémoire des Arts
C’est un pur bonheur d’accueillir ces deux artistes, esprits libres, personnalités atypiques et attachantes. Leur sens de la vie entre conscience et détachement est gratifié d’un humour parfois corrosif mais toujours bienveillant. Ils conjuguent leurs œuvres à l’occasion de cette exposition, comme ils ont l’habitude de conjuguer leurs paroles, leurs sentiments et leurs rires dans une si belle fraternité.
Alain Roche, peintre et sculpteur est un artiste protéiforme. Nommé en 1970 professeur à l’école des Beaux-arts de Lyon, où il fut élève en 1959, il est désormais à la retraite de l’enseignement, mais nullement inactif. Familier des carrières de Carrare, où il a connu Paul Marandon, il est célèbre entre autres pour sa fabuleuse Joconde en marbre, monumentale réplique en 3D de la Mona Lisa du Louvre, et pour les déclinaisons de son sourire, en particulier celui en chocolat élaboré avec le génial chef cuisinier, Philippe Chavent.
A la galerie Mémoire des Arts, Alain Roche expose une sélection de ses aquarelles réalisées en Grèce. Ce n’est pas sa "première" à la galerie puisque en 2007, Alain Vollerin avait conçu une exposition-duo spéciale pour fêter ses retrouvailles avec son ami et complice Jean-Marc Requien.
De retour d’Afrique en 1979, à l’invitation de son ami Georges Popovitch, Alain Roche passa un mois en Grèce. Depuis chaque année il y séjourne. Dans une première période, il a commencé à faire des aquarelles de petits formats. Puis régulièrement depuis une vingtaine d’années, il est passé à une taille supérieure avec une production moyenne entre 15 et 20 par séjour. Ne faites pas le calcul car l’aquarelle est une technique qui ne permet pas le repentir. Beaucoup sont détruites. Alain Roche, en artiste exigeant n’en retient qu’un petit nombre. Sous le titre, Blue Lagoon, Devoirs de vacances, il propose une série inédite datant de 2015 à aujourd’hui.
Alain Roche dépasse la vision immuable de la Grèce, le bleu et le blanc, fétiches de l’appât touristique. Sous la lumière des Cyclades son regard s’est arrêté sur les sublimes variations du soleil sur la nature à Paros. Les couleurs éclatantes sont déclinées, tout en sensualité, en aplats nuancés dans des compositions qui retiennent l’essentiel de ses sensations devant la beauté du paysage, de jour comme de nuit.
Paul Marandon, que son ami Alain Roche a convaincu d’exposer avec lui, sort exceptionnellement une série de terres cuites récentes de son atelier croix-roussien. Ce grand sculpteur au cœur tendre est très aimé. Son atelier est régulièrement fréquenté par voisins et amis, car l’artiste aime les agapes.
Ceux qui suivent avec intérêt sa production ont compris que visible et invisible sont les ferments de son travail. Il se révèle tout entier dans ses créations tirées de la glaise, vibrantes de ses tourments mais aussi de sa quête de la beauté. Tout à son art, Paul Marandon savoure le bonheur de s’abstraire du réel, de perdre toute notion temporelle quand il façonne son sujet. Il exprime à travers ses personnages enchâssés la fragilité de notre présence au monde.
Le titre de son exposition Cupio dissolvi, locution latine traduite par "j’ai le désir de me dissoudre", est une citation de Saint Paul qui peut être interprétée de plusieurs manières. Retenons de sa signification le terme se dissoudre que Paul Marandon interprète en façonnant ses sujets avec l’argile malléable et soluble.
Pour mieux comprendre sa ligne de vie et sa création je vous renvoie à un article écrit en septembre 2024 : https://www.blog-des-arts.com/art/l-association-d-amateurs-d-art-urb-art...
Galerie Mémoire des Arts. 124 rue de Sèze Lyon 6e. Du mercredi au vendredi 15h-19h et samedi 10h-12h. Et sur rendez-vous : 06 32 62 93 21. 14 mars – 17 avril 2025.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com