Antoine Duclaux (1783-1868) et ses amis de l'Ecole Lyonnaise
Il s'agit du catalogue de l'exposition organisée par la mairie de Vourles, où l'adjoint à la culture, Michel Régnier nous habitue à voir de remarquables expositions dans cette Maison forte, dont il a su faire un efficace outil de diffusion pour l'aventure des arts plastiques dans notre région. Une première initiative, il y a vingt ans, avait permis un hommage à Duclaux, en présence de son arrière-petite-fille, Gabrielle Testenoire. Depuis, Michel Régnier, a démontré son aptitude à écrire l'histoire des arts comme un véritable professionnel, comme le ferait un chercheur de l'université. Il a su s'entourer de spécialistes reconnus comme Elisabeth Hardouin-Fugier. Avec modestie, il a déjà honoré : Henry de Waroquier, Jean-Baptiste Frenet, Jean Fusaro, Jean Couty, etc. Pour Antoine Duclaux, Michel Régnier se livra à de profondes études qui apportent de la consistance, de l'épaisseur, à une sorte de reconstitution de la vie au XIXe siècle dans l'univers artistique, bien entendu, mais aussi dans tous les compartiments de l'existence humaine. Les paysages dessinés et peints par Antoine Duclaux décrivent un monde où la nature rayonnante domine tout. L'homme agit en son sein parmi les chevaux, les vaches, les ânes, qu'Antoine Duclaux traduira avec une dextérité naturelle, mais aussi, une technique apprise auprès de professeurs comme Alexis Grognard. D'abord autodidacte, Antoine Duclaux bénéficiera du soutien indéfectible de Fleury Richard et Pierre Révoil. Ceux-ci ne cesseront pas de l'encourager. Ils exerceront même à ses côtés, un contrôle amical de son évolution. Un autre élément de la situation de l'Ecole lyonnaise par rapport à Paris transparaît dans les travaux de Michel Régnier, il s'agit de la position des artistes lyonnais par rapport au Salon de Paris qui règle les carrières. On sait à quel point, exposer au Salon de Paris était indispensable à la bonne carrière de tout artiste. Souvenons-nous de ce qui arriva, quelques dizaines d'années plus tard à Paul Cézanne, dont l'activité fut longtemps contrariée par son impossibilité d'accéder à cette vitrine irremplaçable. Michel Régnier fait aussi état du contexte dans lequel vivait les artistes lyonnais. Il cite les nombreuses personnalités qui s'engagèrent à leurs côtés. Il revient sur les événements politiques qui bouleversèrent l'enseignement à l'école des Beaux-arts de Lyon. Rares sont aujourd'hui entre Rhône et Saône, les êtres capables d'engager un tel effort pour soutenir un patrimoine longtemps ignoré, au profit d'un progrès dont le XXe siècle devait nous enrichir de ses bienfaits. Nous sommes désormais quelques-uns à être persuadés que notre XIXe siècle mérite toute notre attention, car il contient d'inombrables informations permettant de ressentir et de comprendre l'origine du monde dans lequel nous vivons. Michel Régnier réussit une prouesse, celle de citer bon nombre des noms des artistes présents sur la toile intitulée : « La halte des artistes à l'Ile Barbe », montrée au Salon de Paris en 1824, et qui constitue une sorte manifeste de la jeune peinture de l'époque. N'oublions jamais que toute cette génération fut très durement éprouvée par les ignobles massacres perpétrés par Joseph Fouché et ses contestables amis en 1893, si bien décrits par l'historien Louis Madelin. Au-delà d'une reconnaissance de notre histoire, il faut visiter cette exposition unique, pour tout simplement apprécier le talent de dessinateur et de peintre d'Antoine Duclaux. Nous félicitons le maire de Vourles, Serge Fages, pour le soutien inconditionnel qu'il apporte à son adjoint à la Culture. Constatant que les hommes politiques peuvent édiger des textes intéressants, citons aussi Emmanuel Hamelin pour sa préface. Nous vous recommandons vivement l'achat et la lecture de ce catalogue incontourbable. Broché. Couverture à petits rabats. Format : 27 x 21 cm. 175 p. 28€. Antoine Duclaux et ses amis de l'Ecole lyonnaise – Maison Forte à Vourles jusqu'au 21 avril 2013.