Après la mort de notre ami François Vincent
Moustik, je l’avais connu dans le milieu du dessin pour la soierie dans la rue Royale, alors que je fréquentais Annie Béraud, elle-même dessinatrice employée dans l’atelier de Raoul Brucker. A cette époque dessiner pour la soierie était encore un vrai métier. François Vincent que nous avions surnommé Moustik s’était associé avec Alain Boujot pour faire vivre une véritable ruche, dont la production de gouaches sur cartons leur permettait de parcourir toute l’Europe, où ils vendaient, heureuse époque, leurs dessins merveilleusement situés entre inspiration classique et création contemporaine. Tous les espoirs semblaient permis. Lorsque l’ordinateur les chassa des escaliers de la rue Royale, ils plongèrent dans un désespoir sans égal, dont fut victime notre ami Moustik qui ne parvint jamais à retrouver une vie normale. Armé d’un appareil photo il cherchait dans nos rues et sur nos places, des motifs pour composer des toiles, des tableaux de fleurs naturellement où il excellait, des nus mais aussi des paysages insolites. C’est ainsi que Moustik revint à la peinture avec pugnacité pendant toute la période qui succéda à sa profonde déprime. Il affronta les pires moments de désespoir, seuls ses pinceaux, ses toiles, ses dessins parvenaient à lui redonner confiance en son destin. Les ordinateurs avaient fait voler les équipes d’artistes en éclats, largement solitaires ils subsistaient autour de quelques grandes figures comme celle de Raoul Brucker. Le destin aime parfois à nous surprendre impitoyablement, c’est ainsi qu’il vient de retirer à notre profonde amitié les sourires éternellement accueillants et complices de notre ami François Vincent. Parmi ses plus anciens collaborateurs comme Pierre Bonetto ou Hervé Rassiat, nul n’a oublié la réconfortante présence de François Vincent. Il laisse dans nos cœurs un immense vide, que nous ne parviendrons jamais à combler. Nos chaleureuses condoléances vont à son épouse Nanou et à son fils Julien. Alain Vollerin