Au-Delà de Mes Rêves / Monastère Royal de Brou
L’Art contemporain est désormais très éloigné de la rigueur qui formait sa marque à ses origines : le Minimalisme, l’Arte Povera, le Land Art, etc. Il est un peu tout cela, et encore bien d’autres choses, puisque tout est permis. Nous sommes dans un état social qui abolit les règles. Plus personne ne doit remplir aucun devoir. Le concept à la source de nombreuses œuvres, depuis la fin des années cinquante, est devenu très bavard jusqu’à nous lasser. L’Art contemporain est capable d’apporter un commentaire sur tous les sujets qui occupent le monde. Bavard, il peut en parler, mais il limite son action à sa parole, à son écriture. L’artiste contemporain est écrivain, tout autant que plasticien, mais surtout, il est philosophe. Dans ce domaine, il n’est ni meilleur, ni pire que Bernard Henri Lévy, que Luc Ferry, que Raphaël Enthoven, etc. Il est tout aussi sincère que Michel Onfray. En tout cela, l’Art contemporain est bien l’art de notre époque. Il en perçoit toutes les influences, comme le démontre, sous la responsabilité de Thierry Raspail, toutes les biennales de Lyon. Le commissariat scientifique, et la rédaction du catalogue, furent placés sous la direction de Marie Deparis-Yafil, philosophe et auteur. Elle produit dans l’indispensable catalogue, un essai qui gagne notre intérêt, puisqu’il débute par une phrase de Louis-Ferdinand Céline : « Si j’avais bien dormi toujours, j’aurais jamais écrit une ligne. » L’art contemporain serait-il la discipline des insomniaques ? Marie Deparis-Yafil a lu Charles Baudelaire, autre raison de s’intéresser à sa littérature. Elle s’interroge : Mais si, en réalité, le sommeil et les rêves étaient les plus fertiles des terreaux créatifs ? 100 œuvres, 58 artistes. En philosophie, Marie Deparis-Yafil semble assez positive. La voici qui cite Henri Bergson : « d’où vient l’illusion ? Pourquoi perçoit-on, comme si elles étaient présentes, des personnes et des choses ? » Facile cette philosophie, on comprend tout. Avec un minimum de sensibilité, bien entendu. Nous serions, selon Marie Deparis-Yafil dans un univers onirique, conçu par Sigmund Freud. D’accord. Oui, d’accord, mais avec le support de nombreuses références venues des « stars » de l’Art contemporain : Louise Bourgeois, Christian Boltanski, Tony Cragg, et même un classique, Georges de la Tour. Avec un Avant-Propos de Philippe Bélaval, Président du Centre des Monuments Nationaux et le maire de Bourg en Bresse. L’œuvre de Shigeko Hirakawa autour du concept de séraphin, permet une redécouverte de l’église de Brou, de sa nef, mais surtout, de ses gisants illustres, Philippe Le Beau, Marguerite d’Autriche, etc. Un voyage dans l’histoire de l’Art contemporain. Une question, à l’issue de cette visite. Que deviendront les plus récentes générations d’artistes de l’Art contemporain : Nadia Benbouta qui se croit très maligne en peignant Blanche Neige pratiquant une fellation sur un éphèbe arabe, malheureusement pour elle, son image ne choque personne. Elle demeurera donc, peut-être pour longtemps, dans son total anonymat, Anne Bourdarel, Clémentine de Chabaneix si proche des merveilleuses techniques de Loriot et Melia, Anne Brégeaut, Marine Karbowski, Edouard Levé, Vanessa Fanuele, Laurent Pernot, Anne Ferrer, Claire Combelles, Samuel Rousseau, Jamila Lamrani, Yveline Tropéa, etc ? Chaque année, les écoles d’art déversent en France, des centaines d’individus qui n’ont d’autres activités que celles d’artistes. Quelle responsabilité pour eux, d’avoir à développer une analyse sur l’état du monde !... Quel pari ! Quelle destinée ! Une occasion de revoir des artistes de renommée internationale comme : Erro, Jan Fabre, Yoshifumi Hayashi, Fabrice Hyber, Pierre Klossowski, Yayoi Kusuma dont la pièce présentée ici ne reflète pas la monumentalité de ses créations, Claude Lévêque, Javier Perez. Une agréable visite. Présentée en deux lieux : le Monastère Royal de Brou et H2M-Espace d’Art contemporain à Bourg en Bresse jusqu’au 23 février 2014.