Claude Venard (1913-1999) au musée Jean Couty

Vendredi, 31 Janvier, 2025 - 12:01

Une œuvre puissante. Une nouvelle exposition à visiter sans attendre…

Myriam et Charles Couty devant "Les Moulins de la Galette"

A l’occasion de la visite de presse de cette spectaculaire exposition, Michel Estades, marchand d’art, terme qu’il revendique à juste titre, évoqua la paternité du projet de l’exposition, soutenu par l'approbation enthousiaste de Charles Couty. A bon escient l’exposition Claude Venard fait écho à la volonté de Charles Couty d’établir des choix en relation avec l’œuvre et le parcours de son père. En l’occurrence, Jean Couty appréciait beaucoup la peinture de son "camarade" Claude Venard.

Je ne reviendrais pas en détail sur le parcours de Claude Venard, la solidité de sa formation, sa vocation, ses influences, sa place dans le contexte artistique de l’époque, et sa détermination à peindre figuratif. Tout cela est détaillé dans le catalogue (tiré-à-part, Beaux-Arts éditions) édité avec soin par le musée Jean Couty.

Après les interventions de Charles Couty et de Michel Estades, l’historienne de l’art Lydia Harambourg, proche des familles Venard et Couty, venue spécialement de Paris et fidèle à son engagement fit une présentation de l’artiste ainsi qu’une visite commentée de grande qualité. Correspondante de l’Académie des beaux-arts et de l’Institut de France, connue pour ses nombreuses monographies, contributions, préfaces et articles, particulièrement son Dictionnaire des peintres de l’Ecole de Paris 1945-1965, riche de 850 entrées, elle prodigua généreusement ses observations. La richesse de ses connaissances produisit certainement une résonance dans l’esprit averti des journalistes présents. Soulignons la qualité de l’accrochage de Myriam et Charles Couty et la présence de Renata Venard et de sa fille qui apporta un intérêt et une densité supplémentaires à cette visite.

Le prêt conséquent de peintures qui n'étaient jamais sorties de l'atelier, consenti par Madame Venard est remarquable et illustre à merveille l’ensemble de l’œuvre de Claude Venard, des œuvres les plus anciennes d’un chromatisme mesuré, à celles de la "rupture", puis celles plus tardives dans une palette encore plus explosive. Ce peintre qualifié de post-cubiste s’inscrit dans un contexte en rupture avec la peinture abstraite des années 1950-1960 et le surréalisme dominant le paysage artistique de l’époque. Les thèmes, qu’ils soient des paysages naturels ou urbains, des intérieurs, des nature-mortes ou des locomotives, répondent tous à un point de départ réel et illustrent le fait qu’il n’y a pas de "petit" sujet.

N’importe quelle observation du réel passe par le prisme du travail de l’artiste. Car il s’agit bien d’un travail. Tout d’abord mental, réalisé ensuite grâce au "métier" indispensable. Celui de Claude Venard nourri comme celui des véritables artistes par la connaissance de celui des grands maîtres, longuement observés dans les musées, et par une filiation incontournable, a trouvé sa propre "chanson", son paysage intérieur. Fort de sa technique, Claude Venard a inlassablement travaillé la matière peinture jouant des glacis ou des mises en haute pâte. Les éléments fractionnés du sujet peint sont rééquilibrés dans un ordre répondant à la volonté du peintre et surlignés de larges cernes noirs, usage qu’on retrouvera ensuite chez le jeune Bernard Buffet (1928-1999).

Qu’est-ce que la peinture ? Comme le disait Maurice Denis, : " Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées." C’était celle des nabis, des cubistes et celle de leur maître à tous, Paul Cézanne.

La peinture, cosa mentale ? Ce qui prévaut, c’est l’émotion ou le choc plastique que produit une œuvre sur la personne qui la regarde. Raison pour laquelle, la visite de cette exposition des peintures de Claude Venard est chaleureusement recommandée. C’est une occasion unique de voir autant d’œuvres de cet artiste réunies en un seul lieu.

Que voit-on? On observe que la lumière est essentielle. D’où vient-elle ? Peu importe. Elle vient de l’intérieur de la peinture. L’artiste la place à l’endroit ou elle irradie l’ensemble. On comprend que cette interprétation de la réalité est un mensonge qui dit la vérité. La peinture n’exprime pas la réalité, elle va au-delà. Cette lumière sublime la composition régie au départ par la verticalité. L’œuvre de Claude Venard est un exemple puissant de ce principe. Peintre, tout à la profondeur d’une réflexion originelle, digne des artistes solitaires concentrés dans le silence de l’atelier, loin des mondanités et des ambitions de carrière.

Visitez sans tarder cette exposition. Vous pouvez aussi en voir des peintures de Claude Venard à la galerie de Michel Estades. Il est régulièrement présenté dans ses lieux d’exposition de Toulon, Paris et Lyon.

Catalogue Claude Venard. Le post-cubisme du bonheur, 10€. Exposition Claude Venard. Musée Jean Couty. 1 place Henri Barbusse Lyon 9e. 31 janvier - 4 mai 2025. www.museejeancouty.fr

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com