Danielle Perge Requien - Galerie Mémoire des Arts Lyon
Danielle Perge Requien. Même quand la femme est absente de ses compositions, elle est là. Les paysages ondulent, les décors fusionnent, les objets sont des portraits, les oiseaux ont sa grâce, les végétaux bruissent, murmurent et s'enlacent avec volupté dans une touche bonnardisante. Tout chez Danielle respire la féminité. Même lorsque le sujet devient ténébreux, il signifie alors les ombres de son mystère et devient l'expression d'un romantisme tourmenté. Opposées et fusionnelles les deux faces en ombre et en lumière s'articulent et génèrent des séries ensoleillées, en contrastes, ou en pénombre. Les états d'âme de Danielle Perge Requien habitent son œuvre. Ce sont ceux d'une peintre véritable qui se livre tout entière dans l'expression de son art. Paule Martigny
Entretien du 12 mars 2024
Paule Martigny : Lorsque tu as commencé à peindre, quel fut ton premier sujet?
Danielle Perge Requien : Les brasseries, parce que ma famille tenait la Brasserie du Monument place Carnot au bout de la rue Victor Hugo. C'est un thème que j'ai toujours traité parce que j'ai été heureuse dans cette brasserie jusqu'à ce que mes parents la vendent, j'avais quinze ans. J'étais fille unique, j'aimais le mouvement, il y avait toujours du monde, je discutais avec les serveurs et les serveuses. J'observais la salle.
Comment procèdes-tu pour composer ta toile ?
Pour les brasseries, parce que j'en ai toujours fait, ce que j'aime c'est que je fais mon décor. C'est ça qui m'intéresse. Quand je peins j'ai l'impression de continuer les beaux-arts.
Comment le thème des femmes s'est-il installé ?
Une femme c'est plus difficile à traduire. Le sujet existe, alors il faut saisir l'idée et la mettre en scène, soit dans un paysage inventé, un boudoir, avec des oiseaux...
Ton expression est très romantique. Qu'en penses-tu ?
J'aime les femmes. Raffinées, douces, pensives, sensuelles. C'est l'élégance qui retient mon attention.
Comment t'est venu ton style, ta touche, ta façon de travailler?
J'ai fait du dessin pour la soierie. Je pense que ça m'a influencée pour les coloris. J'ai toujours dessiné depuis toute petite et mon père peignait. Et puis lorsque j'étais directrice de clientèle au magazine Elle, je faisais des propositions de maquette aux clients. Un exercice de composition et la couleur, toujours la couleur...
De quelle façon réagis-tu devant la toile vierge ?
Je commence par le choix des couleurs. Je fais un fond. Je ne fais pas de croquis préalable. Je mets un personnage ou un sujet et je tourne autour. Je connais mon thème mais ça s'organise au fur et à mesure. Ça correspond à mon caractère. Beaucoup de fantaisie...
Réfléchis-tu à la façon dont la lumière arrive ?
Non je ne pense pas de quel côté la lumière arrive. Ce n'est qu'à la fin que j'y pense.
Peins-tu en une seule fois ?
Je peins assez vite et je reprends ensuite la toile fréquemment, même dix ans après. C'est encore plus jouissif que de peindre, de faire des retouches. J'ai l'impression d'apporter sans cesse quelque chose à ma toile. Tous ces petits rajouts ce sont des petits bonheurs.
Tu dis que tu es seule, que tu n'es la femme de personne, mais en fait tu es la femme de ta peinture. Tu habites ta peinture. C'est ton cœur, ton esprit, ton île?
On peut dire ça.
Galerie Mémoire des Arts. 5 avril – 25 mai 2024 124 rue de Sèze Lyon 6e du mercredi au vendredi de 10h à 12h et 15h à 19h et sur rendez-vous. Contact 06 32 62 93 21