Denis Monfleur. Peuples de pierre / Gallimard – Musée des Beaux-Arts de Bordeaux
Essais de Catherine Chevillot, Éric Vuillard, Chantal Colleu-Dumond, Bertrand Tillier, Hélène Pinet et Éric Darragon. Avec une préface de Pierre Hurmic et un avant-propos de Sophie Barthélémy. Cette exposition qui n’est pas une rétrospective propose une présentation des dix dernières années de la carrière du sculpteur autodidacte Denis Monfleur, né en 1962 à Périgueux. Après avoir débuté comme praticien de José Subira-Puig et Marcel van Thienen, il développe une approche personnelle. Les années 2010 coïncident avec l’entrée de cet artiste dans la galerie Claude Bernard. Ce sculpteur dont le travail est loin des effets de mode, s’épanouit dans la taille très exigeante de pierres dures, telles que le granit, l’orgue basaltique ou la diorite. La pierre dure est une matière qui résiste formidablement et nécessite un réel acharnement, qu’aborde Denis Monfleur sans aucun découragement. Son œuvre est en perpétuelle métamorphose. A titre d’exemple, la polychromie, association de la lave volcanique à l’émaillage ou à la patine, dans l’alliance du précieux au rugueux, donne un résultat hybride saisissant. Le moine bouddhiste en couverture du catalogue en est pour preuve. "Chez Denis Monfleur, paradoxalement, le sensible sourd de la dureté de la pierre et c’est cette alliance inattendue qui rend cette œuvre unique et bouleversante, car l’humain est bien au cœur des préoccupations de l’artiste" souligne Chantal Colleu-Dumond. Les sculptures de Denis Monfleur voisinent avec ses dessins à l’encre, au fusain et à l’aquarelle. La singularité de l’exposition "Peuples de pierre" qui présente une centaine d'œuvres de l'artiste réside aussi dans l’installation d’un parcours à la carte. Le visiteur peut profiter d’une déambulation depuis le parvis de la gare de Bordeaux Saint-Jean à celui de la galerie des Beaux-Arts, en passant par le jardin et la cour de l’hôtel de ville. Dans l’espace urbain ou au cœur de la nature ces personnages de pierre s’intègrent harmonieusement et fascinent par leur étonnante présence. Dans une facture brutale, ou plutôt brute, dans le sens primordial, les œuvres de Denis Monfleur dialoguent dans un compagnonnage étudié avec celles des maîtres du passé dans un aménagement muséal. On est sensible à la dimension spirituelle que l'on retrouve dans plusieurs séries (Christ, Anges, Prophètes, Moines). L’autre particularité de Denis Monfleur est la taille directe sans esquisse préalable à propos de laquelle Catherine Chevillot écrit : "l’attaque de la pierre semble une pulsion plus qu’une démarche mentale". Expressionniste ? Oui, dans la ligne de Baselitz ou Dodeigne. "Les sculptures de Denis Monfleur sont des épaisseurs fulgurantes"précise Éric Vuillard. Les titres des œuvres sont volontairement évocateurs et convoquent l'histoire antique, la mythologie, l'humour, ou l'histoire de l'art. Avec un texte biographique de Maheut Bolard et une liste sélective d’expositions. Bilingue Français-Anglais. Relié. Format : 20,3 x 25,7 cm. 184 p. 35€. Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, jusqu’au 7 janvier 2024. Paule Martigny. Mémoire des Arts