En 1964, j’étais fasciné par Cassius Clay…
Les journalistes, toujours aveuglés, toujours aux ordres, oublient le vacarme assourdissant que fit la conversion de Cassius Clay. Elle fit l’unanimité contre elle. Cassius-Ali incarna la résistance contre l’ordre établi. Il eut raison de refuser son intégration dans l’armée américaine au Vietnam. Comment oublier le bombardement au napalm de régions entières ? Et, les conséquences aujourd’hui, pour ceux qui cultivent les champs de riz. Nous attendons encore les excuses de Barak Obama, le donneur de leçons dont nous serons débarrassés dans quelques mois. Les combats de Cassius Clay contre Sonny Liston furent des feuilletons d’une intensité inégalable. J’avais treize ans. J’étais, comme des milliers d’enfants de ma génération, victime d’une primo-infection tuberculeuse. Depuis, la sieste n’a plus de secrets pour moi, d’autant qu’à cette époque, elle était obligatoire. Nous lisions l’Equipe avec délectation. Le jour, où nous avons appris que Muhammad Ali souffrait d’un Parkinston, nous fûmes à jamais obligés d’admettre notre mortalité. Mais, pour moi, Cassius-Ali sera toujours vivant. Toujours, il virevoltera autour de son adversaire, précis et puissant. Immortel Cassius-Ali, nous faisons partie d’une génération qui a cru en l’immortalité en s’engageant parmi les combattants de 1968. Le monde a définitivement muté. Le désir d’argent règne en maître. L’altruisme n’est plus une priorité. Tout n’est plus possible. La mort de Cassius-Ali vient nous le démontrer, cruellement. Plus de trente ans de souffrance. Muhammad Ali paya très cher son passage sur la terre… Allah serait-il parfois aussi injuste que notre bon Dieu ?...