Evaristo, au-delà du trait : reflets d’âmes Fondation Renaud, Fort de Vaise
Etait-il urgent pour la Fondation Renaud qui a connu tant de péripéties ces dernières années de rendre hommage à Evaristo dont le fabuleux parcours lyonnais fut déjà célébré abondamment ces dernières années ? Bien entendu, amitié oblige, tout commence avec un texte de 1975 de Roger Kowalski. L’instant est solennel puisque la famille Estivill a fait don à la Fondation Renaud d’une sélection d’œuvres comprenant 930 pièces : 165 peintures à l’huile, 410 dessins, 9 carnets, 319 gouaches et 20 sculptures. Qui pouvait penser lorsqu’il s’installa à Saint-Fons qu’Evaristo bénéficierait un jour d’une reconnaissance officielle avec visite du consul général d’Espagne en la personne de Monsieur Juan Lopez Herera. Il y a là quelque chose de quasiment surnaturel. Mais la ville de Lyon tient dans ses rets des aptitudes à rendre à ceux qu’elle fit souffrir, des hommages solennels surtout s’ils furent imprévisibles. Dire le destin d‘Evaristo dans la ville de Lyon, c’est aussi évoquer la Cité au moment où elle doutait le plus, dissimulée derrière les trois grandes figues emblématiques de Jean Fusaro, Jacques Truphémus et André Cottavoz. Jean Couty n’occupait pas encore l’une des premières places que contribua à lui offrir le critique d’art René Deroudille. La Fondation Renaud résista ces dernières années à de multiples tentatives de destruction. Nous étions loin des volontés chères à l’architecte Serge Renaud et à son frère dévoué Jean-Jacques. La Fondation Renaud offrit en effet ces dernières années un triste spectacle pour tous ses amis qui la soutenaient depuis des décennies par tous les moyens possibles, dont un bénévolat sans lequel rien n’eut été possible. Nous ne reviendrons pas sur l’obturation du passage qui menait à la grande salle, et à celle de la dernière casemate qui favorisait une visite circulaire, ni à l’époque où on arrivait de plain-pied et empruntions le grand escalier de marbre. Ceux qui dirigent aujourd’hui la Fondation révèlent une naïveté stupéfiante. Voulez-vous un exemple ? Comme lorsqu’ils intitulent un chapitre, Genèse de l’artiste. Heureusement Evaristo, né en 1923, dans la province de Tarragone n’avait pas besoin de leur soutien pour naître. La vie d’Evaristo, décédé en 2009, fut un destin tourmenté. Faut-il en donner le détail ? Je n’en suis pas certain. Est-il encore souhaitable d’évoquer le groupe Contraste, la galerie Bellecour, etc. En revanche il faut dire le soutien sans faille de la galerie K animée par Roger Kowalski et son épouse Colette que les amateurs de peinture pouvaient voir pendant des années dans la galerie scrupuleusement conservée par Colette. Quel bonheur que ces retrouvailles avec Colette Kowalski dans cet espace pour retrouver toujours des œuvres d’immense qualité ! Ce lieu fut un refuge pour Evaristo et ses amis. Des noms doivent être évoqués : Bernard Clavel jeune romancier alors bien ignoré, qui fut l’un des premiers à comprendre et à défendre l’œuvre d’Evaristo, mais aussi René Deroudille, Jean-Jacques Lerrant, Jean Janoir, Pierre Jacquemon, qui partageait les convictions de l’artiste espagnol en but aux difficultés d’une installation dans cette ville de Lyon si hostile à ses nouveaux arrivants. Evaristo n’échappe pas au parcours de tout jeune artiste désireux de faire carrière à Lyon. Il fallait participer au Salon du Sud-Est où régnaient les hautes figures de Pierre Combet-Descombes et de Georges Albert Tresch. Rares sont les donations d’une telle importance. Nous vous recommandons très vivement de vous rendre avec vos amis à la Fondation Renaud pour apprécier toute l’ampleur de cet hommage. 27 Boulevard Antoine de Saint-Exupéry. Lyon 9e. 04 78 47 10 82. Jusqu’au 19 décembre 2021, du mercredi au dimanche, de 14h à 18h. Alain Vollerin