Exposition Thierry Reynaud, soigner ses rêves, et donc, ses délires…
Thierry Reynaud était parvenu à surmonter sa sensibilité congénitale en s’investissant dans son travail. Il présidait l’organisation régionale des huissiers de Justice, avec une efficacité appréciée par ses confrères. Tout allait bien dans le meilleur des mondes. Son union avec Dominique était une réussite dont témoignait la vitalité de leurs enfants. Une famille heureuse, comme on en voit dans les tableaux de jeunesse de Jean Couty. Et puis, ce fut le drame. Epouvantable. Thierry fut fasciné, lui l’honnête homme incarné, par un proche à la personnalité troublante qui abusa de sa candeur. Ils s’associèrent, et ce fut la descente aux enfers. D’ailleurs, les toiles de Thierry Reynaud sont emplies de diablotins, et de vrais monstres, comme ces requins armés de redoutables pinces. L’escroc les entraîna aux bords du gouffre. L’équilibre mental de Thierry Reynaud fut durablement ébranlé, jusqu’aux limites du supportable. Pour en sortir, il fallait des espaces de liberté, ce furent des toiles blanches, sur lesquelles, Thierry Reynaud peignit, comme Anne Frank écrivait, libérant son âme de ses plus profonds tourments. Peindre, encore et toujours, sans que ne subsiste aucun vide. Il fallait remplir les formats, une toile en chassant une autre. A mon humble avis, chaque peinture régulièrement recouverte de couleur sur les bords de son châssis, comme pour fermer la porte à ses angoisses, était comme une séance chez un psychiatre. Peut-être même que cette frénésie picturale sauva Thierry Reynaud d’un possible suicide, comme la force des liens qui, en permanence l’unir, à son épouse, Dominique. Contrairement, à ce que je croyais au début de notre relation, il n’y a pas de liens d’imitation entre certains maîtres de l’art contemporain, et Thierry Reynaud. Son œuvre est bien la sienne. Il a trouvé, dans le souvenir du monde de l’enfance de quoi composer son vocabulaire : camions en bois, Bibendum Michelin, Fusée de Tintin, tourne-disque, petits bateaux, poissons multicolores, etc. Dans certaines compositions, Thierry Reynaud aligne des personnages, au point, que nous ne savons plus, qui observe qui, dans ce théâtre vital. Thierry Reynaud a-t-il joué du trombone ? D’où proviennent ces souris qu’elles soient vertes, ou roses ? Pourquoi ces bougies allumées, ou renversées ? Qui est ce personnage masqué ? Pourquoi ce lapin, et cet éléphant roses ? Thierry Reynaud ne veut plus trop identifier les personnages, animaux, ou humains qui peuplent ses toiles. Que deviendra sa peinture, maintenant qu’il va mieux ? Je vous rassure, vous qui avez apprécié cette œuvre, née dans les cinq dernières années, en vous disant que l’hypersensibilité de Thierry Reynaud, maintenant convaincu de son talent, lui permettra bientôt de reprendre ses pinceaux avec la même frénésie, pour exprimer ainsi ses émotions, mieux qu’il ne le ferait avec des mots. La vocation de notre galerie consiste à faire le plus souvent possible,de nouvelles découvertes. Je crois qu’avec Thierry Reynaud, notre objectif est atteint. Exposition prolongée, jusqu’au 17 mars 2018-124 rue de Sèze-Lyon 6e. Tous les jours, sauf lundi, de 15 à 19h, et, samedi de 10 à 12h et de 15h à 18h. Alain Vollerin