Fiac 2013, là, où était le véritable marché…
Au bout de dix ans, la politique mise en place par Jennifer Flay fait la démonstration de son efficacité. La Fiac était à son origine, un événement ayant pour vocation de mettre en valeur l’art français, les galeries françaises, les artistes français. La Fiac était née des revendications de 1968. Les artistes français avaient le droit de s’exprimer sur son action, sur son devenir. Peu à peu, ils furent chassés de toutes les instances décisionnelles. Henri Jobbé-Duval fit pendant beaucoup trop de temps, un mal considérable à cette institution, en la coupant de ses origines, de sa vérité. Nous le savons tous, l’influence de l’Ecole de Paris s'estompa, au profit de l’école de New York, sous les initiatives de Léo Castelli, de Clement Greenberg, etc. Jennifer Flay fut portée par le courant de la Mondialisation, par l’explosion des biennales aux quatre coins de la planète, mais, elle sut surtout démarcher sans relâche les galeries de tous les Etats-Unis. Aucune de toutes celles qui pouvaient représenter un intérêt ne fut ignorée, les dossiers furent soigneusement étudiés, et, les « meilleures » furent invitées. Beaucoup de galeries françaises de qualité furent évincées, sans ménagement, rejetées de la plus emblématique des foires d’art contemporain d’Europe qu'elles avaient créée et valorisée. Certains ambitieux déclarent que la Fiac est la plus signifiante au Monde, la plus importante. Paris serait donc, le plus vaste marché d’art contemporain de la terre pendant la Fiac. Voici, une information qui, rapportée par Béatrice Benoit-Gonin sur France 2, n’améliorera pas son quotient intellectuel. Il serait plus juste de dire que la Fiac est devenue la plus fréquentée des foires de galeries américaines en France, et en Europe. La ministre de la Culture a donc inauguré, et célébré le marché et l’économie américaine, sans s’interroger le moins du monde, ni douter de sa démarche, un seul instant. Pendant la soirée de vernissage, la méprisante Jennifer Flay révéla une fois de plus, son immense aptitude à dédaigner la part la plus grande de son public. Les VIP étaient reçues comme des nababs, et le petit peuple était parqué pendant des heures, prisonnier comme des victimes des rafles du Vel d’Hiv, derrière des barrières métalliques. Honte sur Jennifer Flay, et sur tous ses complices. J’ai retenu deux œuvres, pendant mon séjour dans les allées de la Fiac, où, la bousculade était la clef du savoir-vivre des trop nombreux invités. L’une est de Ai Weiwei. Il s’agit d’un arbre rafistolé qui tient avec des boulons, des verrins. L’autre est signée de Luka Arbay, et s’intitule Has Bin. Il s’agit d’une poubelle que chacun pouvait remplir, participant ainsi à une compression naturelle de déchets divers. Elle me faisait penser à ce que j’avais appelé, vers l’an 2000, la Ben Laden. Un sac en plastique vert autour d’un support constituant une poubelle transparente, pour lutter contre la menace d'attentats à la bombe. Aujourd’hui, à Paris, la pression des terroristes surgit de tous côtés, dans le train, dans le métro, dans les rues. Jamais personne n’égalera la Ben Laden, et son Design, si simple, si singulier, minimaliste, comme il est impossible de l’être plus. La Fiac est une machine à encenser, parfois pour quelques jours seulement, les travaux effectués dans les écoles d'art du monde entier, et présentés dans les très nombreuses biennales, rien de neuf sous le soleil, sauf pour les bobos et les gogos, cibles préférées de Jennifer Flay.