Fiac 2016 à l'heure de la Crise économique... Paris assiégé!...
Nous avons connu la Fiac pullulante d'amateurs et de collectionneurs. Les files d'attente s'étiraient à l'infini. Il fallait parfois plus d'une heure pour entrer dans le « temple ». Cette année, l'inauguration se fit sous la menace d'attentats. Les djihadistes ont obligé le gouvernement à construire d'indispensables portiques de sécurité dans tous les musées, à multiplier la présence de policiers, de vigiles et de militaires, à décupler les contrôles de toutes sortes et à tout moment. Dans les couloirs du métro les sirènes hurlent pour vous prévenir de la présence de pickpockets et vous recommandent de vous éloigner de tout objet suspect. Tiens. S'agirait-il d'une installation? Non, cette fois la réalité dépasse l'imagination artistique. Devant la Fiac, le vide succédait au plein. De chaque côté du Grand Palais, les voies étaient fermées, ce qui donnait naissance à une vaste zone déserte, où, se languissaient deux cafés improvisés et leurs terrasses, sans clientèle. Signalons la présence de l'ami, Jacques Villeglé qui vient de gagner un procès contre l'Atelier d'Aquitaine (plus de quatre ans de procédure). A l'intérieur, la victoire de Jennifer Flay était complète. Pour sa 43e édition, du 20 au 23 octobre 2016, la Fiac (de plus en plus brève, j'ai connu une Fiac de dix jours, dans un climat de joie et de fête, absolument disparu) recevait 186 exposants issus de 27 pays. Il y a bien longtemps que la Fiac ne représente plus l'esprit des artistes français (une absence dommageable), pourtant, totalement lié à sa naissance. La Fiac est désormais, selon les voeux de sa directrice, Jennifer Flay, un lieu de négoce d'oeuvres d'art, pour elle la première raison d'être d'une foire. Nous sommes dans le romantisme capitalistique. Il y a bien longtemps que les invités sont triés en fonction de la grosseur de leur porte-monnaie. Il fallait voir les tronches, et les fringues des « négociants ». Pourquoi, l'Officielle des Arts (résurgence aseptisée de la Fiac Off) fut-elle annulée ? La Fiac s'installa au Petit Palais, pour une heureuse juxtaposition de l'Art contemporain à l'architecture du Second Empire, intitulée : On Site. La visite du jardin intérieur avec entre autres, « l'Astronaute qui dirige la mer (2006) », une sculpture de Jan Fabre, dont l'œuvre de performances est actuellement présentée au Mac de Lyon, dans « Stigmata » une sélection de Germano Celant, avec la complicité de Thierry Raspail, était vivement recommandée (une expérience qui mérite d'être renouvelée). L'initiative de Germano Celant, événement du Maxxi, à Rome, en 2013, inspira probablement les organisateurs de la Fiac qui invitaient de nombreux performeurs : Laurence Weiner, Ange Leccia, Vivien Roubaud, Jimmie Durham, etc. Une vingtaine de sculptures figuraient dans les Jardins des Tuileries, dans le programme Hors les Murs : Ignasi Aballi, Eric Baudart, Joe Bradley, Mircea Cantor, Gloria Friedmann, Colin Snapp, Vincent Mauger, etc. Autres événements : la Nocturne des galeries, les cycles de conférences, et, Musées en Seine. La Fiac est le fidèle reflet des productions générées par la Nomenclatura internationale de l'Art contemporain. Ne cherchez pas ici, la nouveauté. La Fiac n'est pas faites pour cela. Il faut vendre, selon la volonté de Jennifer Flay, et, le nouveau se vend très mal. Il faut rassurer les clients, riches, mais, souvent stupides, comme des canards mariés à des oies aveugles. Il ne fallait pas compter sur une autre innovation de la Fiac (qui tentait de faire oublier l'Officielle) : le Salon Jean Perrin ( 1870-1942), prix Nobel de physique mort à New York. On s'y ennuyait très ferme ! Combien de redites, d'imitateurs de Gilbert et George, Bill Viola, etc. Exit le prix Marcel Duchamp, cette année installé au Centre Pompidou, et, qui apportait auparavant, un souffle de fraîcheur. En faisant de Kader Attia son lauréat, il a perdu beaucoup de sa crédibilité ( la plus jeune candidate est née, en 1974, elle a 42 ans). Kader Attia qui fut révélé, il y a plus de dix ans, par Kamel Mennour, à ce jour, dirigeant de trois galeries parisiennes, s'inscrit plutôt dans un climat désuet, comme le démontrait ses travaux présents, lors de la dernière Biennale de Lyon. Nous ne sommes pas au nombre des victimes des organisateurs de la Fiac qui voudraient qu'on croit qu'elle symbolise le pays chaleureux des bisounours de l'Art contemporain. Nous ne pouvions être rassurés par les apparences, par les visages des collectionneurs étrangers et français, oings d'onguents spéciaux, et, resculptés dans ce geste inesthétique qui redresse les nez en ouvrant les narines, et, lisse les peaux de ces êtres cadavériques. Les vêtements n'étaient pas plus séduisants, sombres et victimes d'une mode où, la déchirure remplace la couture. Sinistre ambiance de fin d'un monde, peut-être, celui de François Hollande, et, de ses amis de circonstance...