Gilles Aillaud. Animal politique / Centre Pompidou
Déjà enfant, fasciné par les animaux, Gilles Aillaud (1928 - 2005) remplissait des carnets de dessins et de notes au Jardin des Plantes. Il y avait donc les zoos où l'animal est mis en scène avant l'Afrique qu'il découvrira au milieu des années 1980. Son approche est celle d'un philosophe qu'il a d'ailleurs failli devenir. L'animal « le sujet qui s'impose peut-être comme le dernier vestige du monde unifié des peintres de Lascaux, celui des poètes-philosophes présocratiques". La représentaion qu'il en fera à l'âge adulte évoquera un paradis perdu
Le Salon de la Jeune Peinture fondé par le critique Pierre Descargues en 1950, témoigne de l'attractivité du réalisme auprès de jeunes peintres tels que Bernard Buffet, Paul Rebeyrolle, Henri Cueco, et plus tard Eduardo Arroyo et Antonio Relaccati. La « gravité » constitue le lien fédérateur aux yeux de la critique. En 1967, Arroto, Recalcati et Aillaud se rendent à Cuba, terre d'une révolution fantasmée. Le Salon de la Jeune Peinture qui fera suite à 1968, sera résolument placé sous le signe de l'engagement politique.
Un catalogue est publié à l'occasion de l'exposition Gilles Aillaud. Animal politique, présentée au Centre Pompidou Galerie 3, du 4 octobre 2023 au 26 février 2024. Avec le soutien de la galerie Loevenbruck, Paris et de collectionneurs privés. Avec plus de 50 œuvres de moyen et grand format. Sous la direction de Didier Ottinger également commissaire de l'exposition. Milène Ferrand titre son texte Gilles Aillaud. Du monde clos à l'univers infini. Claire Lemesle-Joly Gilles Aillaud et les parcs zoologiques. Jean Christophe Bailly : Le moment africain de Gilles Aillaud. Marie Sarré : De Mao à Liu Cai Gilles Aillaud en « maître oriental ». Rachel de Dardel : le théâtre de Gilles Aillaud (ses décors). Clément Layet : Ailleurs. Et Maïa Mulle signe la biographie illustrée. Tous les aspects de cette œuvre profondément humaniste et multiple sont abordés.
Fils de l'architecte Emile Aillaud (1902-1988) investi dans la question du logement social, Gilles Aillaud (1928-2005) était peintre mais également écrivain, scénographe et décorateur de théâtre. Interrogé sur son choix de ne peindre presque exclusivement que des animaux, Gilles Aillaud répondait : « parce que je les aime ». Contemporaines des premières œuvres Pop, de leur fascination, plus ou moins distante, pour les produits de la consommation et la communication de masse, les peintures de Gilles Aillaud n’ont rien d’exotique.
Faute d'avoir été philosophe, Gilles Aillaud est devenu peintre. Mias plutôt que peindre une philosophie, Gilles Aillaud s'est appliqué à « peindre philosophiquement ». Par la représentation des animaux, notre relation à la nature est son véritable sujet. Nos interrogations face à notre relation au vivant se cristallisent dans cette rétrospective providentielle.
Poète, dramaturge, Gilles Aillaud formé à la philosophie cherche au milieu des années 1960, à opérer la synthèse entre conscience politique radicale et représentation scrupuleuse du réel. Peindre l'animalité est un prétexte à une méditation sur notre relation au monde et notre place dans l'ordre du vivant.
Relié. Couverture cartonnée. Format : 24,5 x29 cm.192 p. 150 illustrations. 35€. Centre Pompidou Galerie 3, jusqu'au 26 février 2024
Paule Martigny-Mémoire des Arts / blog-des-arts.com