Histoires de voir, Show and Tell, Paris, Fondation Cartier pour l’Art Contemporain…
Son directeur général, Hervé Chandès est aussi le commissaire de cette exposition. Le catalogue est un geste éditorial particulièrement soigné avec un corps d’ouvrage (format : 26,5 x 31,5 cm. 240 p. 350 reproductions. 47€) imprimé sur beau papier, des gardes d’un jaune rayonnant comme autant de soleils, et une couverture cartonnée et toilée avec insertion de la reproduction d’une œuvre d’Isaka (un dessinateur Huni Kui), et le titre doré et gravé. Un bel objet, pour un projet pas assez bien défini à mon goût. Le préfacier, Laymert Garcia dos Santos, limite peut-être trop le propos de l’exposition à l’Art naïf. Il ne cite jamais l’incontournable Jean Dubuffet. On dirait que ces formes d’art sont nées sans autres influences, dans les parties du monde représentées : Congo, Inde, Brésil, Mexique, Haïti, Japon, etc. Nous aurions aimé voir apparaître les notions d’Art brut ou d’Art singulier. Ce défaut d’information probablement justifié par l’enthousiasme, risque de nuire aux visiteurs qui ne disposent pas, c’est certain, de toutes les clefs. Il n’y a pas de génération spontanée parmi les artistes présentés. Ils sont tous le reflet du monde dans lequel ils vivent, et voici, ce qu’ils veulent exprimer, ce qu’ils confient dès qu’ils le peuvent, et le déclic vient souvent de l’extérieur, de l’homme de passage qui offrira un support, des feuilles de papier comme pour Taniki, l’indien Yanomami. Attention à ne pas trop simplifier les parcours de beaucoup de ces hommes et de ces femmes, qui au départ ne sont pas des créateurs. Cette schématisation intempestive serait dangereuse. Il n’y a pas de grandeur dans la simplification. L’être humain est profondément complexe, heureusement inégal, mais il y a de la beauté à comprendre son itinéraire, à l’étudier, et pour cela les textes d’accompagnement rédigés par des spécialistes sont très utiles. Fondation Cartier. Jusqu’au 21 Octobre 2012