Humeurs de la soirée du mercredi 15 mai 2024 à Lyon
Quand dans une même soirée on vient d'un atelier de sérigraphie non subventionné, rue Chalopin, ouvert aux artistes, où ce soir de vernissage un délicat poète, Ferdinand Bigard présentait ému son livre Comme un nouveau baptême, tiré à 30 exemplaires et illustré par son amoureuse Louisa Chaput avec talent et modestie. Louisa et Ferdinand, c'est magnifique ! Une atmosphère qui vous réjouit d'être vivant entre sourires, passion et naturel, et ensuite se retrouver dans un événement officiel, Manifesta vernissage de l'exposition Marc Desgrandchamps, rue Pizay.
Quel contraste ! On quitte la fraîcheur, la tendresse, l'authenticité habitée de doutes et de sentiments pour se retrouver dans la "nasse", abstraction faite du plaisir de retrouver quelques artistes amis. La "nasse", oui, celle des "acteurs" de l'art, croisement d'egos et de reconnaissance de classe, de l'entre-soi dans sa superficialité et son hypocrisie.
Les mêmes qu'au XIXe siècle du temps de l'apogée de la bourgeoisie des nantis soyeux. Les mêmes qui sentent l'apathie de l'âme, alors qu'une heure auparavant on partageait le bonheur d'être au monde…
Commençons par les peintures de Marc Desgrandchamps. Il y a comme une perte de saveur. Comment l'expliquer ? La pression du marché ? Je ne saurais le dire. Et puis, et puis, comme c'est cocasse! Quand j'accompagnais mon mari le redouté Alain Vollerin, ces grands tenants de l'art me saluaient. - Vous connaissez ma femme ? - Mais oui, bien sûr. Ce soir, je me suis bien amusée. A peine un regard. J'adore. Ça rend modeste, si je devais encore en rajouter à ma discrétion naturelle.
Conclusion : je préfère les délicieux moments passés à l'atelier Chalopin, à ce vernissage si "humain". La sève, le bonheur partagé, comparé à cette atmosphère compassée de business de l'art.
D'un côté : elle est pas belle la vie ! Et de l'autre… Non, finalement je préfère garder mes réflexions pour moi-même. Un monde plein de promesses et un autre dans lequel on se sent à l'étroit et sur les codes duquel on s'assied avec jubilation. Jubilation ? Même pas, c'est plutôt à pleurer.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com