Jan Fabre expose ses stigmates au Mac de Lyon...
Le soir du vernissage, Jan Fabre pratiqua une performance, au Vélodrome Georges Préveral du Parc de la Tête d'Or. Il s'agissait, comme le soulignait Thierry Raspail de la tentative de ne pas égaler le record du monde cycliste d'Eddy Merckx de 1972. Le public lyonnais était présent en nombre pour cet événement autour de Raymond Poulidor (je me souviens du jour, où, je lui ai suggéré que le général de Gaulle avait été victime d'un assassinat. Il fulminait le gentil « Poupou ») Jan Fabre avala de la viande crue sur son vélo en hommage au champion belge, surnommé « le Cannibale » pour son insatiable désir de victoires. Jan Fabre se laissa absorber par, et selon sa volonté : « la Beauté de l'échec ». L'instant historique fut filmé par cinq caméras, et présenté dans le hall du Mac de Lyon. Au troisième étage du Musée, vous verrez « Stigmata »-Actions et Performances 1976-2016, constituée de 40 années de performances de Jan Fabre en complicité avec l'historien et critique d'art Germano Celant qui s'illustra, en Italie, par son soutien aux artistes de l'Arte Povera. Jan Fabre se souvient : « la meilleure façon pour moi de parler de la scénographie et de l'origine de l'exposition : nous avons d'abord décidé du paysage; les tables avec les photographies, les objets et les modèles de pensée ; ensuite nous avons placé les arbres : les costumes-sculptures, dans le paysage ; puis nous avons créé l'horizon : les murs avec les citations extraites de mon Journal de Nuit , les dessins, les photos et les écrans. » Au total, plus de 800 objets. En 2013, elle fut présentée au Maxxi de Rome où, Jan Fabre et Germano Celant s'entretinrent en plusieurs séances, ce qui donne un très passionnant document, comme jamais biographique, qui permet de suivre, et de comprendre les origines et le cheminement artistique de Jan Fabre. Je vous recommande très vivement l'acquisition, et la lecture de ces textes révélateurs. Vous comprendrez, à quel point, il est difficile de s'extirper d'une société déterminée à nous conditionner, avant de nous broyer. Pas facile de permettre à l'univers de la performance de revivre, à partir de ses substrats, et de ses reliquats, de ses vestiges. Le Journal de Jan Fabre, 1985-1991, est publié par l'Arche éditeur. Il est en librairie, depuis le 5 octobre. Nous sommes d'accord avec cet éditeur qui affirme, qu'il s'agit du « Journal d'un des grands artistes de notre temps. Un incontestable constat. Autre expositions : Le Bonheur de regarder peu à peu (un titre inspiré par Stéphane Mallarmé, auteur de cette immortelle affirmation : « jamais un coup de dés n'abolira le hasard »), est un retour à vocation méditative sur un proche passé composé des œuvres de Jean-Luc Parant (qui dit le monde dans un phénomène d'Eboulement permanent), Ilya Kabakow (soulignons l'admirable exploit que fut la restauration, en 2015, du « Navire »), Orlan, Eduardo Basualdo, Tavares Strachan. Un regard sur les collections du Mac de Lyon, faites d'achats, mais aussi parfois de dons. Thierry Raspail déclare : « La Collection s'offre aux visiteurs comme une énigme propre à susciter : Le Bonheur de deviner peu à peu... Une narration ? Vraiment ? » La situation économique européenne, et particulièrement française, s'avérant de plus en plus difficile, au fil des restrictions budgétaires, Thierry Raspail fait appel aux dons auprès d'artistes dont les actions furent soutenues et honorées en ces lieux. Orlan et Jean-Luc Parant répondirent positivement, et très spontanément. La soixantaine de lithographies reproduisant des corps de femmes nus, pris dans des objets de consommation machiste, et fidèles aux obsessions de Mel Ramos, éditées par la Collection Hilger, seront offertes au Mac de Lyon. L'engagement du moment, et de l'équipe du Musée, et nous savons, à quel point, il fut constant, pendant la respectable carrière de Thierry Raspail, est contenu dans Wall Drawings ou les icônes urbaines qui s'illustrent au plan planétaire : Charley Case, Jaz, Kid Kréol & Boogie, Addam Yekutieli Aka Know Hope, Reko Rennie, Saner, Seth (le nom d'artiste d'un des deux commissaires Julien Malland, le second étant Hervé Perdriolle, soutien de la Figuration libre : Blanchard, Combas, Boisrond, etc), Elliot Tupac, Teck, Wenna. Une photographie de la création contemporaine sans frontières. Pendant le vernissage, Jan Fabre se montra formidablement agréable et accessible, et très ouvert aux nombreuses questions des journalistes professionnels (depuis quelques temps, au Mac de Lyon, il y a moins de reporters, à la petite semaine, employés par des marchands d'onguents pour jambes de bois, et autres cataplasmes commerciaux, ou, fonctionnarisés). Je vous recommande, très vivement, de passer une journée, ou, un après-midi entier autour de ces œuvres profondément signifiantes. Mac de Lyon, jusqu'au 15 janvier 2017. 81, quai Charles de Gaulle-Lyon 6e. 04 72 69 17 17 www.mac-lyon.com Pour communiquer : #lebonheurlyon ou #walldrawingslyon ou encore #janfabrelyon.