Jean Martin (1911-1996), mieux vaut tard que jamais !...
Quel bonheur de voir un musée et sa direction reconnaître votre clairvoyance! Je n’attends aucune reconnaissance officielle, ni remerciements. Mais, après son retour à Lyon, j’ai soutenu autant que possible Jean Martin et son épouse Rosette (1920-2010). Nous étions peu nombreux. La nomenclatura locale le rejetait fermement. Il était même question de lui interdire d’exposer à l’Elac pendant l’hommage à son indéfectible ami le galeriste Marcel Michaud. Je me suis engagé totalement auprès de René Deroudille pour obtenir réparation de ce lamentable « oubli ». Heureusement, René Deroudille, esprit épris de justice, entendit ma requête. Jean Martin obtint la place qu’il méritait, et exposa le superbe Saint-Sébastien peint dans l’admiration de Grünewald et des artistes de la vallée du Rhin. Par la suite, je devais encore faire un film à propos du parcours passionnant de Jean Martin. J’obtins pour lui qui souffrait tellement de cette marginalisation, un tonitruant hommage au Fort de Vaise. Préalablement, avec Jean et Rosette, nous avions décidé d’inviter Jean-Jacques Renaud. J’étais monté le chercher chez lui. Il était persuadé que je le conduisais chez le professeur Henri Martin, propriétaire de la galerie Malaval, animée par son épouse Anne-Marie. A la suite de ce dîner, convaincu de la qualité de l’œuvre de Jean, Jean-Jacques Renaud obtint du bureau de l’association, l’organisation d’une rétrospective. Joli succès. Jean avait ardemment besoin de cette reconnaissance. En 1991, j’avais prévu un hommage à la peinture spiritualisée autour de mes amis Camille Niogret et René Maria Burlet dans la crypte de la basilique de Fourvière. Habité par mon désir de réparer une injustice, j’ai alors préféré Jean Martin à Jean Couty. J’eus tort. Je le reconnais. Jean Couty avait toute sa place dans cette exposition qui rencontra des milliers de visiteurs, car ce lieu consacré est le passage quotidien de centaines de fidèles. Comme Jean Martin serait heureux aujourd’hui de voir ses « Aveugles » ( la première formule de 1937 qui est comprise au sein d’une donation familiale ) constituer une affiche triomphante sur la place des Terreaux. Oui ! Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et pour voir ses convictions récompenser. Comme le temps change avantageusement. Peut-être avec l’aide de Dieu, puisque Jean et Rosette étaient chrétiens, et leurs deux filles moniales. « Jean Martin. Les années expressives ». Musée des Beaux-Arts de Lyon. 20 place des Terreaux. Sauf mardi et jours fériés. Exposition prolongée jusqu'au 3 septembre 2012