Jean Meunier-Curtinet - Maison Magenta

Jean Meunier-Curtinet a beaucoup d’admiration pour la peinture de Valerio Adami. Elle préfigure un style qui sera par ailleurs exploité par le maître de la Figuration libre, Robert Combas. Si on remonte plus loin dans le temps, cette manière participe du post-cubisme. Le modèle est fractionné en surfaces simplifiées, chaque forme délimitée par des cernes noirs. Se différenciant du cubisme par l’emploi de couleurs franches, éclatantes, le sujet composé en larges aplats de teintes acidulées, présente une démarche synthétique proche de la composition de vitraux.
Les rapports des couleurs sont étudiés pour régler la perspective. C’est une illusion gérée par l’effet chromatique. Les nabis puis Matisse usèrent de cette absence de perspective uniquement régie par des aplats, héritage de la découverte des estampes japonaises au XIXe siècle. C’est dans cette filiation qu’il est permis d’inscrire Jean Meunier-Curtinet.
Ne croyez pas que le peintre simplifie parce qu’il ne sait pas dessiner. Régulièrement récompensé, il reçut d’ailleurs le premier Prix de peinture à l’école des Beaux-arts en 1975. Devant les paysages du Midi, en particulier de Saint-Tropez, l’ordonnance de la peinture commence par une aquarelle, dans un pur classicisme. A partir de cette "petite sensation" originelle, Jean Meunier-Curtinet prend de la distance et applique la leçon de Gauguin à Sérusier devant le Paysage au Bois d’amour, une petite peinture sur bois qui deviendra le talisman des nabis. En substance, Gauguin guidait : les arbres sont jaunes, prenez le jaune le plus vif de votre palette, l’ombre est bleue, peignez-la avec de l’outremer pur, les feuilles rouges, avec du vermillon.
Jean Meunier-Curtinet qui savoure le calme et la beauté de la Côte d’azur hors période estivale a travaillé ce style qui n’appartient désormais qu’à lui. Loin d’être dénués d’émotion, ses paysages conçus ainsi dégagent une poésie incontestable. Dans la simplicité d’un ordre curieusement toujours renouvelé, ils incitent à la rêverie dans une saturation lumineuse qui remplit de joie.
Ne manquez pas cette exposition dans l’espace galerie Maison Magenta. 17 place Maréchal Lyautey. Lyon 6e. Jusqu’au 28 février 2025. www.maisonmagenta.com/expositions
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com