L'argent dans l'art / In Fine – La Monnaie de Paris
Au sein des salons historiques et des galeries contemporaines de La Monnaie de Paris, l’exposition couvre le thème des rapports entre art et argent, de l'Antiquité et ses mythes jusqu'à aujourd'hui, en passant par les métiers d’argent et la morale religieuse jusqu’à l’invention du marché de l’art. Les salles sont thématiques telles que, "La valeur de l’art : que vend l’artiste depuis Duchamp ?" ou, "L’Argent exhibitionniste". Une sélection de films sur le thème de l’argent, est également intégrée au parcours. Quelques 200 œuvres sont exposées, grâce au concours exceptionnel de 70 prêteurs publics et privés. Le catalogue est publié sous la direction de Jean-Michel Bouhours, historien de l’art et commissaire de l’exposition. Au sommaire en six chapitres : Mythes et origines de la monnaie, Morale et métiers d'argent, Révolution artistique et capitalisme financier, Que vend l'artiste ? Capital : Je t'aime moi non plus, Art et argent, entre flux et data. "L’art et l’argent partagent des qualités communes : une origine sacrée, être tous deux sources de fétichisme, objets de sublimation. Pour autant, ni l’un ni l’autre n’ont de valeur en soi hors de l’échange." Depuis l’invention du marché de l’art au XIXe siècle qui n’a cessé de s’affirmer au XXe siècle, "L’art et l’argent sont-ils alors confondus quand la spéculation s’avive sur certains artistes, au même titre que sur les matières premières, les ressources promises à pénurie ou autres catastrophes à venir ?" Le projet de cette exposition est né de l’interrogation et l’observation d’une spéculation sur l’art apparemment sans limites hors de sa valeur intrinsèque. Immoralité, paradoxe, jeu ? A quoi correspond cette frénésie, cet appétit de puissance ? Spéculation et processus de création artistique paraissent pourtant aux antipodes. Jean-Michel Bouhours conclut : "Se tenant à la Monnaie de Paris, l’institution monétaire française en charge de la frappe monétaire pour le pouvoir central depuis l’an 864 et le règne de Charles le Chauve, l’exposition "L’Argent dans l’art" se fait écho non seulement des questionnements sur la valeur de l’art mais aussi d’une acception plus large du concept de monnaie, hors sa fonction d’échanges économiques, là où Georges Bataille évoquait la notion de "dépense" non productive, là où Pierre Klossowski sous l’angle des affects définissait une "monnaie vivante", mesurant le prix de nos émotions et venant réveiller les fantasmes humains. La signature de l’artiste (Picasso, Duchamp ou Meireles…) vient se substituer au sceau du pouvoir dans une extension illimitée du concept de monnaie." Depuis le XVe siècle, où les représentations de monnaies métalliques et de scènes de transactions dans la peinture se multiplient, jusqu’au XXe siècle, avec l’apparition d’une réflexion plus intrusive dans les mécanismes de l’argent, en passant par le XIXe siècle, où l’économie de l’art est bouleversée par la naissance de l’impressionnisme et le rôle prépondérant du marchand d’art, l’imaginaire produit par les artistes à propos de l’argent est permanent. L’exposition et le catalogue interpellent, portant à l’analyse de notre propre représentation de l’argent et de celle qu’expriment les artistes dans sa représentation réelle ou fantasmée. Relié. Format : 22,5 x 27,7 cm. 208 p. 35€. La Monnaie de Paris jusqu’au 24 septembre 2023. Paule Martigny