L'eau est souvent l'ennemi de l'homme, sauf, pour les aquarellistes...
Nous vivons une époque, où, en France, depuis quelques années, l'eau emporte tout sur son passage. Nous n'avions jamais vu de tels naufrages. L'eau plonge les familles innocentes dans la ruine. Nous ne pouvions soupçonner de tels ravages de pluie. Trop abondante, l'eau est notre pire ennemie. Elle dégouline. Elle s'infiltre. Insidieuse, elle dégrade, peu à peu, les édifices les plus solides. Mais, lorsqu'elle vient à manquer, la situation des humains n'est pas meilleure. La sécheresse est une mort lente qui accable les plus obstinés. Cette année, les aquarelistes démontrent qu'ils ont sublimé les menaces de l'eau. Toutes les œuvres présentées sont heureuses et rieuses. Comme, un bonheur n'arrive jamais seul, nous pouvons confirmer la reconduction dans ses fonctions d'adjoint à la culture de Loïc Graber. Son bonheur faisait plaisir à voir. Il faut souligner que nous n'avions pas l'habitude de rencontrer un adjoint à la culture, au vernissage du salon des aquarellistes, surtout pas dans les années, où, le belliqueux, Jacques Oudot assumait ces fonctions exigeantes qui réclament un véritable et profond intérêt pour son prochain. Quel plaisir de revoir Jeannine Gay, petite-fille d'Eugène Villon et fille de Marthe Chambard-Villon, toujours bienveillante des intérêts du Salon. Quel bonheur de partager un instant avec Claudius Pralus, dont la santé fut chancelante, et d'admirer sa constance pour peindre Lyon : le chemin vers Fourvière, ou, la lumière sur la cathédrale et la Saône. Gilbert Abric est devenu un président à l'écoute de tous les adhérents. Sa production est généreuse. Il se libère des contraintes techniques, et, sa ville sous la neige est un petit chef d'œuvre de poésie et d'émotion que n'aurait pas renié le peintre musicaliste, Serge Charchourne. Philippe Allain vit maintenant dans un univers de fleurs (regrettons au passage l'absence de la spécialiste, Renée Fras Perret): bouquet de cosmos, fleurs de gerberas, mélange champêtre, fleurs séchées, etc. Georges Boulé en homme de son temps, fait des voyages. Il est allé en Ouzbekistan, dans le désert, et à Samarcande, pour peindre une rue singulière. Georges Boulé aura toujours ma reconnaissance à cause de son intérêt pour le village d'Abondance. Sa neige de printemps fait naître en nous des souvenirs, et des envies. Gilles Durand nous surprend par sa façon de rendre certaines couleurs, à l'exemple de sa composition nommée Brume sur le Val d'Arly où, il invente une étrange lumière verte, et une surnaturelle lueur bleue. Bravo ! Alain Fontaine voit les rues depuis le ciel, et cette paradoxale ruelle, à Strasbourg. Les aquarellistes font en 2018, dans les froufrous et les dentelles, comme Patrick Galante, sensible au charme féminin, décrivant le jardin de l'arlésienne dans sa robe rouge à jabot. Qui dit, sottement, que les géants n'ont pas de cœur ? Marius Cousin est aussi un adepte de la couture du style Second Empire. Il apprécie dans sa loge une sorte de Sarah Bernhardt en robe blanche, et guipure immaculée. Il traduit aussi, en expert, le Rhône à Lyon et ses plattes, et, Lyon à Saint-Jean semblable aux plus parfaits édifices de l'architecture romaine renaissante. Nous apprécions chez André Lebreux, sa rigueur et son originalité. Il peut tout dire par sa technique : les vieux chalets dans la neige, les maisons blanches de Vendée, ou, Cancale (pays des fabuleuses huîtres que vous apprécierez, à Paris, rue Montorgueil, lors de votre prochain voyage) le fort à marée basse. Trois invités : Christiane Bonicel, fleuriste inspirée qui emporte ses émotions dans des explosions, Frank Hérété, très proche de la photographie nous dit un pont vers le savoir ou les terrasses du Change. Et enfin, Didier Georges qui recherche les effets toniques en se tenant au noir et blanc, et donc, à des gris splendides. Il nous chante le vélo de la voisine, sur un air audacieux qu'aurait apprécié Yves Montand. En pénétrant dans le Salon, nous sommes emportés par les éclats colorés des vastes aquarelles de Thierry Grosfilley. Nous avions apprécié ses coureurs cyclistes, au Salon de l'Ouest lyonnais. Ici, vous serez transportés par ses instants à Belle-île, ses éclats de fleurs, son vallon d'Automne, et son Enchantement du verger. Tant que Thierry Grosfilley bénéficiera d'une telle ardeur, notre monde, bousculé par des esprits inconséquents, pourra encore vivre de longues heures d'extase, largement méritées. Ne boudez pas le véritable bonheur qui vous attend chez nos amis les aquarellistes lyonnais, porteurs de savoir et de tradition. 83e Salon de la Société des aquarellistes. Espace Berthelot- Lyon 7e. 14, avenue Berthelot. Jusqu'au 26 novembre 2018. www.societe-des-aquarellistes-lyonnais.com Ouvert tous les jours de 10 h à 12 h. Et de 14h 30 à 18 h 30. De 10 h à 18 h 30 le week-end. Alain Vollerin