L'Invention du Passé / Hazan – Monastère royal de Brou
Gothique, mon amour 1802-1830. Tome I. Il s'agit du catalogue de l'exposition présentée au monastère royal de Brou, jusqu'au 21 septembre 2014, à laquelle le ministère de la culture attribua le label « Exposition d'intérêt national ». Le commissariat général est assumé par Magali Briat-Philippe, conservateur du patrimoine, responsable du service des patrimoines au monastère royal de Brou. Le Style Troubadour est au centre de cet événement, tout comme l'exposition intitulée « L'Invention du passé-Histoire de cœur et d'épée en Europe, 1802-1850 » accrochée sur les cimaises du musée des beaux-arts de Lyon jusqu'au 21 juillet 2014. Longtemps, le style Troubadour fut tenu dans un silence surprenant. En 1971, le musée de Brou rompit ce maléfice qui enfermait ce mouvement entre les genres « anecdotique » et « historique », le confrontant à une contemporanéité souvent intransigeante, et même sectaire. Tout organisateur sera toujours confronté à ce risque, car le style Troubadour, n'est pas le style Romantique. Huit ans plus tard, en 1980, Marie-Claude Chaudonneret, chargée de recherche au CNRS, commissaire d'expositions, écrivit une étude sur « La peinture Troubadour » qui fait référence, et lui confère la dimension d'une indiscutable spécialiste du sujet. On voit à Brou, des toiles qui furent longtemps les uniques reproductions de l'œuvre de Fleury Richard (1777-1852) au musée des beaux-arts de Lyon, comme l'Ancien couvent des Cordeliers de l'Observance, à Lyon. Sur l'ensemble des deux accrochages, Fleury Richard apparaît comme le maître absolu de ce mouvement. Il est le plus hautement inspiré, celui qui maîtrise le plus sa technique et sa composition. A Lyon, le style Troubadour fut incontestablement victime du climat politique, lorsque Antoine Gailleton, Victor Augagneur furent maires. En revanche, on peut s'étonner qu'Edouard Herriot qui écrivit une si passionnante biographie de Mme de Récamier, n'ait pas éprouvé de passion pour cette haute idée d'une France noble et religieuse. Par contre, on ne peut s'étonner que Louis Pradel au cerveau « bétonné » n'ait rien ressenti devant les œuvres de Fleury Richard ou de Pierre Révoil. Voici en partie, à mon humble avis, les raisons de ce long silence autour des acteurs du style Troubadour. 1802 est une date décisive. En effet au Salon, la toile de Fleury Richard, « Valentine de Milan pleurant la mort de son époux » (considérée comme la première œuvre Troubadour) fut remarquée par la marquise Marie-Angélique de Vandeuil, fille du philosophe des Lumières, Denis Diderot. Plus jamais vous ne verrez autant d'oeuvres magnifiquement inspirées de Fleury Richard et de Pierre Révoil. Aucun prétexte ne sera valable pour justifier que vous n'ayez pas découvert : Charles Marie Bouton, Giovani Migliara, Jean-Baptiste Mallet (oh ! L'admirable duchesse d'Angoulême au tombeau de ses parents. Comme, on aurait voulu prier avec elle...), Rosalie Caron, Auguste de Forbin, Henriette Lorimier, Louis-Jacques Mandé Daguerre, Jean-Lubin Vauzelle, François Huard, etc. Comment ne pas revenir sur la sublime incarnation de « la toilette nuptiale » par Jean-Baptiste Mallet ? N'omettons pas les versions du très célèbre Vert-Vert (Fleury Richard et François-Marius Granet), perroquet facétieux, dont vous devrez obtenir qu'on vous raconte l'histoire. Vous verrez aussi de fines gravures, et des objets d'art parfois inspirés par le Moyen Age. Vous entendrez le récit de nombreuses histoires d'amour de France et d'Orient. Vous visiterez, soutenus par la poésie d'Alphonse de Lamartine, des cryptes et des tombeaux. Vous qui voyez la lumière, vous souvenez-vous de nous, interrogeait le poète. Mais vous, ne vous posez plus de question. Prenez immédiatement la route du monastère de Brou, pour un séjour dans des murs vénérables où, vous rencontrerez l'histoire de notre humanité tout entière. Avec un index des noms de personnes. Broché, couverture à très larges rabats. 192 p. Format : 28 x 25 cm. 29€. www.brou.monuments-nationaux.fr