Le Festival Lumière 2012 est ouvert...
La diffusion sur le très grand écran à la Halle Tony Garnier de « l'Epouvantail », film de Jerry Schatzberg de 1973, contrastait avec notre époque farouchement individualiste. Al Pacino et Gene Hackman vivent une amitié totale, née d'une longue hésitation. Celle-ci se joue en introduction sur une route déserte. Des scènes anthologiques. Deux jeunes acteurs qui ont encore tout à prouver, qui donnent le meilleur d'eux-mêmes. Avec ce film devenu culte, Jerry Schatzberg annonçait l'apparition en 1975, deux ans plus tard, d'un autre chef-d'oeuvre construit lui aussi sur l'ambiguité des rapports humains, sur la puissance de l'amitié et de la solidarité face aux pouvoirs officiels, « Vol au-dessus d'un nid de coucou » de Milos Forman. Après « Macadam Cow-boy » de John Schlesinger et « Easy Rider » de Dennis Hopper, sortis en 1969, ce road movie traduisait des liens profonds avec les héros de Jack Kerouac, avec en fond de décor, l'idéalisme, une vision sans concession de l'Amérique et de la société consumériste, bien éloigné des considérations qui nous guident aujourd'hui dans notre univers tourné vers un égoïsme forcené, où la gauche fait la défense du Capitalisme au gouvernement, dans les conseils municipaux et régionaux. Le décalage était immense entre les images de complicité extrême portées par l'Epouvantail et notre menaçante réalité. Parmi les cinq mille spectateurs présents, beaucoup furent sans doute surpris face aux enjeux installés dans son film par Jerry Schatzberg quelques années après les révoltes américaines anti racistes, et quatre ans après les événements de 1968. Oui ! Il y avait un gouffre entre le film et les longues congratulations dont le public fut victime. T'es bon ! Oh oui t'es bon! T'es un bon maire ! Oui, toi t'es un bon président du Conseil Régional ! T'es un bon mécène, toi ! T'es un bon acteur ! Et toi, t'es un bon metteur en scène. La Gaumont est une société irréprochable ! C'est merveilleux. Et même, Norodom Sihanouk le cambodgien, dont on avait annoncé la mort le jour-même qui soutint les assassins camarades de Pol Pot, était célébré par Bertrand Tavernier comme cinéaste, même s'il brocardait avec humour ses méthodes autocratiques. Tout le monde il est beau. Tout le monde il est gentil. A la fin de l'Epouvantail, nous vivons le drame de l'amitié brisée, de la solitude retrouvée. Excellente programmation, donc. Je venais de vivre deux jours avant l'effroyable dispersion des toiles de Jean Janoir dans une sorte de braderie épouvantable et déshonorante pour ceux qui en prirent la responsabilité. Gérard Collomb, Jean-Jacques Queyranne, Sylvie Ramond, tous trois informés, n'ont rien fait pour éviter ce scandale honteux. Je n'avais pas envie de rire. Les bisouillages officiels, la mise en scène du copinage m'écœurait. Et puis, trop long. Les gens s'en allaient, même avant la fin du film. Les : je t'aime, tu sais. T'es chic, tu sais, avaient grevé leur planning... Mais, Lumière 2012 est un événement indiscutable. Le lendemain matin à partir de 8h 30, en hôte accompli, Thierry Frémeaux, directeur du Festival Lumière invita tout ce beau monde autour d'un mâchon. Merveilleux respect de la tradition locale, hélas moribonde, avec le concours de l'association les Francs-mâchons. Voici donc une partie du programme : Ciné-concert le 17 octobre à 19h30 à l'Auditorium, Nuit musique et cinéma vendredi 19 octobre à la Halle Tony Garnier, remise du Prix Ken Loach samedi 20 octobre au Centre de Congrès, et pour conclure dimanche 21 octobre retrouvailles à la Halle Tony Garnier. Consultez le programme des diffusions des films restaurés, et les dates de l'hommage à Criterion sur www.festival-lumière.org. N'oubliez pas le Cinéma Monplaisir 3e édition de la bourse cinéma et photo. Tel 04 78 76 77 78. Sur les berges du Rhône, promenez-vous sur la Plateforme pendant tout le festival, vous recevrez toutes les infos, et vous croiserez peut-être des invités : Agnès Varda, Jacqueline Bisset, Tim Roth, Guillaume Canet, l'acteur Max von Sydow, Nicolas Winding Refn, Mark Cousins auteur d'un film de 15 heures sur l'histoire du cinéma, Pierre Collier affichiste pour le cinéma, etc. La journée, retrouvez dans le village autour de la maison Lumière le marché de DVD classiques, une exposition et le Salon du livre de cinéma. Le Festival publie un journal quotidien, aucun événement ne vous échappera...