Le groupe des Douze / Espace Berthelot - Lyon
Ils sont toujours douze artistes à exposer. Ce ne sont pas toujours les mêmes, mais en l'occurrence cette année est constituée du même groupe qu'en 2023. Tous sont unis en une connivence amicale et artistique, un état d'esprit relevé par la présidente Chantal Hayette dans son intervention inaugurale.
Chaque visiteur trouvera l'œuvre "qui lui parlera", celle avec laquelle il se sentira en affinité. N'hésitez pas non plus à vous laisser surprendre. L'esprit de curiosité est la colonne vertébrale de notre plaisir. Une nouvelle fois, les Douze nous offrent une diversité de styles et de techniques qui mérite le déplacement.
Evelyne Bouhey continue à nous étonner avec une technique qui lui est propre. Son processus créatif tonique d'une grande spontanéité s'applique dans "le frais" avec l'usage de couteaux de différentes tailles. Les yeux sont toujours présents dans ses compositions. Troublants, ils nous fixent intensément. Ses peintures ont beaucoup impressionné le jeune homme qui m'accompagnait.
Jean-Louis Conti présente deux aspects de son travail. Le premier date d'une vingtaine d'années, issu de ses années passées aux Etats-Unis. Images de l'Amérique des années 50, voitures, motos, chapeaux et bottes de cow-boy sont peints sur des fonds de collages de récupération de papiers de marques américaines. L'autre série actuelle, d'un tout autre aspect joue pourtant du même processus de juxtaposition. Il s'agit d'un fin travail graphique de mondes rêvés en suspension dont il a le secret.
Geneviève Cornu avait semble-t-il estimé mon impression sur son travail récent. Ses formes flottantes m'évoquaient une archéologie mystique. Sa palette changée semble brûler d'un feu intérieur. Une lumière particulière, une musicalité et une singularité traduisent ses paysages de l'inconscient. Je me permet d'établir une proximité de sa démarche avec celle des peintres Bernard Saby et Alfred Manessier.
Gilbert Duchesne, "grand gamin" facétieux jouit d'une imagination débordante. Il multiplie et accumule les scènes en des mosaïques de pliages, collages et dessins. Une manière nouvelle pour évoquer un univers tendre et enfantin mêlé à des fantaisies érotiques. Une expression unique hors les normes.
Claire Durieux fidèle à sa manière poursuit sa série délicate sur les végétaux, des monochromes bleus « irradiés » ; Ils forment un ensemble onirique de photogrammes aux titres évocateurs : Sous la mousson, Bambou papillon… Soulignons un superbe grand format d'un bleu intense.
Jean-Claude Dutouya, seul sculpteur parmi les onze peintres poursuit ses recherches avec des sculptures animalières. Il présente ici une notoire série très cohérente de bronzes. Eléphant, rhinocéros, dinosaure, etc, sculptés sous forme de pliages comme les cocottes en papier de notre enfance sont patinés en blanc ivoire. On apprécie l'antagonisme entre une fragilité visuelle et la matière solide et dure du bronze.
Chantal Hayette se renouvelle comme le prouvent ses deux toiles les plus récentes. Chacun les ressentira différemment, c'est la richesse de l'art. La quête de Chantal Hayette se perpétue en une vision cosmique. Un astre apparaît. Les éléments vont-ils s'entrechoquer ou fusionner harmonieusement ? Sa riche palette participe d'un élan généreux et d'une recherche picturale jubilatoire. Nous avons retenu un titre japonais traduisible par paysage intérieur.
Annie Lancement est autodidacte. Influencée par ses racines andalouses qui lui rappellent la multiplicité du monde, elle est sensible aux injustices et aux souffrances humaines que ce soient celle des Indiens ou des migrants. Elle peint sur papier des petits ou des grands formats. Un beau portrait bleu et celui d'un fier Amérindien manifestent son empathie. Nous l'encourageons dans cette voie.
Maryvonne Marguerin oscille entre deux styles abstraits ou presque. L'un explose en lumière à l'exemple de Au bord de l'eau qui arrête les visiteurs, et l'autre domine dans des tons corrodés pour lequel j'éprouve un penchant. Leurs titres : Rouille et Désert rose, un paysage avec soleil voilé. Notons aussi deux œuvres sur papier pleines d'énergie qui méritent notre attention.
Janie Petit se renouvelle sans cesse. En ajout à ses vues de Lyon et ses paysages, instants suspendus urbains ou naturels dans les tons qui la distinguent, demi-teintes de gris et de bleus, et qui remportent un vif succès, elle présente une œuvre distincte augurant peut-être une palette revisitée. Il s'agit d'Automne, qui nous rappelle la leçon de Gauguin à Sérusier pour la composition du Bois d'amour qui deviendra le Talisman des Nabis.
Jean-Michel Reviran semble s'accomplir totalement dans des irruptions sensuelles en adéquation avec sa nature. Avec un lyrisme presque exubérant il révèle une intense vitalité dans une forme de plus en plus assumée. Ses titres traduisent ses intentions : Le Vol des nymphes, Tornade amoureuse, Un coup de cœur, Ainsi coule la vie.
Jean-Paul Schmitt a choisi de présenter une série de fleurs en parfait accord, bien qu'elles soient de différentes périodes. Les peintures sont assemblées créant un mur harmonieux où les végétaux sont baignés de lumière. La jubilation des contrastes et des reflets enrichit les compositions de Jean-Paul Schmitt, à l'exemple des nymphéas reflétant sa sensibilité et son style.
Programmez sans attendre une visite réjouissante de cette exposition. Des prix très accessibles à partir de 70€. Le Groupe des Douze. Jusqu’au 28 janvier 2024. Espace Berthelot. 14 av. Berthelot. Lyon 7e. Entrée libre. Tous les jours de 14h à 18h.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com