Léon Spilliaert – Avec la mer du Nord… / Fondation de l’Hermitage – Editions d’art Snoeck
Superbe catalogue sous la direction de Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage à Lausanne, Aurélie Couvreur, conservatrice de la Fondation de l’Hermitage, et Anne Adriaens-Pannier, docteur en Histoire de l'Art et Archéologie, Université de Gand, qui donne à l’un de ses textes le juste et beau titre, "Léon Spilliaert ou l’inconstante recherche de soi". A deux reprises par le passé, la Fondation de l’Hermitage a présenté Spilliaert. En 2007, avec six œuvres dans l’exposition, "La Belgique dévoilée" et en 2019 dans l’exposition "Ombres", avec un somptueux lavis à l’encre de Chine. Cette exposition monographique est la première en Suisse depuis plus de vingt ans. Plus de 110 œuvres sur papier sont exposées, traitées avec différentes techniques : crayon, gouache, aquarelle, lavis d’encre de Chine, pastel, lithographie. (Près de 4500 dessins de Spilliaert ont été identifiés). L’œuvre mystérieuse, souvent inquiétante de Léon Spilliaert nous plonge dans un univers singulier. Sommes-nous perdus dans des textes de Kafka ou d’Edgar Poe avec la mise en espace spectaculaire, les chevelures des femmes dans le vent, les clairs-obscurs fantomatiques ? Léon Spilliaert (1881-1946) est un artiste solitaire, à la fois ancré dans la tradition symboliste de son temps et attiré par l'avant-garde. On voit des paysages côtiers flamands, en particulier d’Ostende, ville natale de Spilliaert, fils d’un parfumeur, à la santé fragile et au "tempérament" introverti et rêveur. Il arpente la ville la nuit, dans les espaces désertés. Son œuvre presque exclusivement sur papier est fascinante et esthétiquement unique. Il alterne des effets de noirs profonds avec des gris et des blancs savamment maîtrisés. Il traite avec la pénombre, l’ombre partielle et une lumière incertaine. Celle du jour qui va poindre, ou celle du jour qui s‘éteint? Ses effets d’ombres sont les reflets de son âme, de ses tourments et de ses rêves. Entre aspiration, douleur et appel à la sérénité. Reflet aussi de son essence flamande, dans l’évocation du plat pays et des marines aux ciels gris et blancs. Tout chez lui se lit à la lumière symbolique : les ombres portées souvent très étirées, les autoportraits troublants, les intérieurs vides, même les nature-mortes sont chargées de son subconscient… Dans les années 1930 et 1940, il revient sur un sujet de jeunesse, les arbres. Tous les thèmes portent la même charge. Parmi les autres textes de Anne Adriaens-Pannier : Le mur, le miroir d’un état d’âme, La profondeur de la nuit et de l’espace, Solitude féminine, intérieurs insolites, L’humeur changeante de la mer du Nord, etc, et de Noémie Goldnam : Sur les sites du réel, De l’étrange inanimé, Les premiers contemplatifs (allusion aux arbres). Chronologie illustrée de Anna Testar. Importante bibliographie. Broché avec grands rabats. Format : 24 x 29 cm. 368 p. 45€. Fondation de l’Hermitage, Lausanne, jusqu’au 29 mai 2023. Paule Martigny