Les Jean Martin de la Piscine / Snoeck
Pas étonnant, car, Jean Martin était chrétien. J’ai beaucoup fréquenté Jean Martin. Je l’ai connu, lors de son retour à Lyon. Lucien Chardon, membre du groupe Témoignage de Lyon, connaissant le travail de conservation de notre patrimoine que nous établissions en réalisant des films pour les éditions Mémoire des Arts, nous avait mis en relation. A son arrivée, à Lyon, Jean Martin était totalement oublié. Il en était fortement perturbé. Les Lyonnais le rejetaient. A l’Elac, on préparait un hommage à Marcel Michaud. Jean Martin était exclu. Dans le jury, il y avait mon ami, le critique d(art René Deroudille. J’ai beaucoup plaidé pour que Jean Martin soit intégré à cet hommage organisé par Bernard Gavoty et Thierry Raspail. Avec Jean Martin, nous nous rencontrions très régulièrement. Nous déjeunions, ou, dînions ensemble de plats végétariens composés par son épouse Rosette. Je décidais de réaliser un film pour Mémoire des Arts, contre l’avis de René Deroudille. N’aurais-je pas dû l’écouter ? Cet audiovisuel est le seul document, où on voit Jean Martin retracer son itinéraire, depuis le quartier de l’Industrie, où il vit le jour, en 1911. Il y eut toujours une terrible rivalité entre Jean Martin et Jean Couty. Jean Couty est un peintre, hélas pas Jean Martin. En 1991, commissaire de l’exposition d’Art Sacré, présentée dans la crypte de la cathédrale Saint-Jean, sous l’égide du cardinal Decourtray, j’invitais Jean Martin à rejoindre Camille Niogret, et René Burlet. Mon immense erreur fut d’avoir écarté Jean Couty. Le succès fut immense auprès des pèlerins et des Lyonnais. En ces temps-là, j’étais très près de Jean-Jacques Renaud et de la programmation des expositions au Fort de Vaise. J’ai proposé à Jean-Jacques Renaud que nous organisions un événement, autour de Jean Martin. Il ne le connaissait pas. Il le confondait avec le Pr. Henri Martin, propriétaire de la galerie Malaval. Nous étions en 1993, Jean-Jacques Renaud accepta de montrer soixante peintures de Jean Martin, au Fort de Vaise. On avait accroché la pamphlétaire série des juges qui m’avait fortement impressionnée. Le succès fut au rendez-vous. Je vis alors Jean Martin changer d’attitude. Le message chrétien était bien loin. Un terrible arriviste avait pris la place du donneur de leçons de spiritualité. Lorsqu’il mourut, en 1996, sa famille me sollicita, pour que je lui rende hommage à l’église. J’ai refusé. Aujourd’hui, qu'en est-il de l’œuvre de Jean Martin ? Elle doit être divisée en trois parties : la première est inspirée par les peintres de la vallée du Rhin (nous connaissons une trentaine de toiles, les autres furent vendues par son marchand de l’époque, Jacques Tedesco). Elle a de la force. Elle exprime des convictions. La seconde se place sous l’influence d’un peintre grec, spécialiste de l’icône, Praxitèle Zogravos. Jean Martin abandonne sa manière. Ses collectionneurs s’éloignent. Il devient un militant de la peinture chrétienne, et participe à la vie liturgique de l’église Saint-Sulpice. Il anime une galerie proche de l’église avec son épouse Rosette. La troisième partie est dédiée à l’œuvre de décorateur, de costumier de théâtre, et de télévision. Elle a fait l’objet d’un don au musée de la Piscine. Je comprends qu’elle intéresse un public plus large, car elle contient un véritable aspect documentaire. Dans l’ouvrage des éditions Snoeck, elle est largement détaillée. Envers la peinture, et son histoire, l’itinéraire de Jean Martin demeure à jamais ambigu. Broché. 303 p. Format : 23,5 x 16,5 cm. 29€. La Piscine-Roubaix, jusqu'au 9 octobre 2016