Mac de Lyon, inégalable rétrospective Erro…
400 œuvres accrochées avec beaucoup d’imagination, par Thierry Raspail et Thierry Prat, en association avec le commissaire de l’exposition, Danielle Kwaran, et la collaboration de Jill Gasparina (qui signe un texte intitulé : A quoi les paysages de l’information ressemblaient-ils avant d’être traversés par des autoroutes ? ), et Anaïd Demir. Le catalogue publié par le Mac de Lyon, chez l’éditeur Somogy, reflète bien la monumentalité de cet événement. Je me souviens de l’exposition présentée au musée du Jeu de Paume, en 1999. Elle semblait gigantesque, pourtant, elle ne reflétait qu’une partie de l’œuvre d’Erro. Ici, on comprend mieux son itinéraire, marqué par son intérêt pour la peinture « mécaniste », cubiste, de Fernand Léger, mais aussi, par les recherches de Pablo Picasso. En fait, toute l’histoire du monde moderne s’exprime sur les toiles de cet être profondément humaniste, longtemps très politisé, qui partagea les options des artistes de la Figuration Narrative, ou du groupe des Malassis. On croise de très nombreux personnages médiatiques bons ou méchants : Jésus Christ, Marlène Dietrich, Che Guevarra, Van Gogh, Omar Kadhafi, Hitler, Mao Tse Toung, Fidel Castro, Pablo Picasso, Pol Pot, etc. Certains personnages surgissent comme des protagonistes de bandes dessinées. Les objets prolifèrent : têtes de mort, épées, poignards, haches, chaînes, grenades, tanks, avions, révolvers, etc. Les animaux pullulent : chevaux, poissons, lions, perroquets, chameaux, singes, chiens, serpents, etc. Dans les années soixante, Erro forma avec Jean-Jacques Lebel, une équipe qui ne se refusait rien, sur un chemin largement ouvert par les performances des amis de Pierre Restany, réunis sous la bannière des Nouveaux Réalistes, et spécialement, Yves Klein. Nous étions dans une époque, où la contestation régnait en tout, et partout, contrairement à la nôtre, où François Mitterrand inventa le consensus mou, un laisser-aller total, porte ouverte à la confusion et au désordre actuel, incarné par le déplorable François Hollande, élu avec les voix du Front National. Vous verrez, à ce sujet, un ensemble de photos très significatives. On pense aussi aux mangas d’Hokusai, célébré ces jours-ci, au Grand Palais. Erro utilise l’aquarelle, le collage, la peinture à l’huile ou glycérophtalique. Une petite salle, à l’accès interdit au moins de dix-huit ans, rend hommage à ses compositions pornographiques. La foule des grands jours, pour ce qui s’annonce comme un des événements des semaines à venir dans l’univers des arts plastiques européen. Contient une chronologie par Danielle Kvaran. Catalogue bilingue : français et anglais. Format : 30 x 30 cm. 406 p. 45€. Musée d'Art contemporain de Lyon. Jusqu’au 22 février 2015.