Mac de Lyon pour sa rétrospective, Bernar Venet transgresse, et provoque...
La conférence de presse du jeudi 20 septembre 2018, au Mac de Lyon, était riche en révélations offertes par l'artiste, lui-même, à propos de l'histoire de son œuvre. Devant une assemblée de journaleux réquisitionnés dans l'urgence, Bernar Venet entreprit de nous convaincre de l'intérêt de sa démarche. Nous lui avons servi de psychanalystes, comme tous ceux qui prêtent attention à ses longues et nombreuses déclarations, depuis le jour, où il écrivit à Michel Ragon, alors, une des personnalités les plus importantes du monde de l'art mondial (commissaire français de la Biennale de Venise, et de celle de Sao Paulo, chargé de mission par Gaétan Picon, et, André Malraux) à une question qu'il se posait sur l'évolution artistique, et l'irruption du nouveau « Picasso », qu'il était, lui Bernard Venet (il y avait encore un « d » à son prénom), ce nouveau génie, capable de tout balayer sur son passage, et d'incarner la nouveauté absolue. Cette rétrospective est la première organisée en France, nous la devons à la vigilance de Thierry Raspail, dont elle est la dernière initiative à la direction du Mac de Lyon, puisque il est désormais en retraite, et remplacé par Sylvie Ramond qui cumule la gestion du musée des beaux-arts, et du Mac de Lyon. Dans l'assistance, nous avons rencontré Blandine Chavanne, directrice des musées de France qui organisa une des premières expositions de dessins de Bernar Venet. J'ai cité, Thierry Raspail, je ne voudrais pas oublier Thierry Prat qui fut un remarquable complément de l'action du directeur des Biennales de Lyon. Les trois grands dessins choisis par Thierry Raspail sont une des plus touchantes parties de cet événement. Depuis toujours, Bernar Venet éprouve le besoin irrépressible de prouver qu'il existe, que ses créations sont justifiées, que son regard est d'une lucidité sans faille. Bernard Venet peint depuis ses débuts, où, il imita un temps, Paul Klee. Pourquoi pas, il était si jeune, seize ou, dix-sept ans. Longtemps, il exprima le goudron, le noir, un territoire habité par Pierre Soulages en France, et, Franz Kline à New York. Bernar Venet raconte que Ben, l'illustrissime fabulateur, vint le voir dans son atelier, à Nice, à l'époque des « reliefs en carton » avec la reproduction d'une œuvre d'Ad Reihardt, pour lui dire : « tu vois, tu n'as rien découvert, il y a en Amérique, un artiste qui travaille comme cela depuis des années. » Ouvrons une parenthèse sur le soutien indéfectible dont bénéficia Bernar Venet de la part du journaliste, et, critique d'art, Jacques Lepage. Rien n'arrête Bernar Venet qui trouva là une occasion de partir aux Etats-Unis, où, il s'installera, quelques années plus tard. Signalons, au passage que Bernar Venet a installé chez lui, dans le midi, une admirable collection d'œuvres d'art gérée par une Fondation. Au Mac de Lyon, vous verrez le prodigieux travail accompli par Bernar Venet autour de la notion de lignes indéterminées, vous verrez l'emblématique tas de charbon, son geste le plus original et fondamental. J'ai appris que Bernar Venet repeignait ses compositions intitulées « relief ». Dans n'importe quelle couleur. Incroyable, pour les collectionneurs. Il y en avait peut-être peu. Il n'accepte plus que les œuvres repeintes, les premières, il les renie impitoyablement, et la famille Durand-Ruel, en fit une douloureuse expérience. Pendant le vernissage, un peintre professionnel employé de la structure, doté d'un pistolet à air comprimé repeignit un « relief » devant le public. Oui, Bernar Venet, à soixante-dix-sept ans demeure l'artiste de la provocation, du déséquilibre, de la rupture, du désordre, de l'aléatoire, de la turbulence, de la collision, etc. D'ailleurs, dans un énorme fracas, il n'a pas hésité à provoquer la dispersion d'une de ses sculptures, comme il le fit en 2005. Bernar Venet Rétrospective 2019-1959. Mac de Lyon. Jusqu'au 6 janvier 2019. Du mercredi au vendredi de 11h à 18h. Samedi et dimanche de 10h à 19h. 04 72 69 17 17. www.mac-lyon.com Alain Vollerin