Marie-Thérèse Bourrat invitée par la Fondation Renaud au Fort de Vaise...

Jeudi, 19 Novembre, 2015 - 11:31

Il faut lire une œuvre, sans tenter de l'interpréter abusivement...

Jean-Jacques Renaud, toujours dans le vrai avec des mots simples…

Marie-Thérèse Bourrat, j'aime le répéter, est avec le sculpteur Geneviève Bohmer, une des dernières incontestables artistes de dimension nationale vivant, et créant dans notre ville. Cette exposition est conçue comme un voyage. Pour comprendre l'oeuvre de Marie-Thérèse Bourrat, il suffit de suivre son itinéraire : sa vie de petite fille inquiète qui se ronge les doigts et les mains, et va se cacher sous la table du salon de ses parents, honorables bourgeois lyonnais, l'enfant environnée de rayures sur ses robes et les tapisseries des murs, le refus de l'école (elle recevra pourtant l'enseignement du célèbre peintre, Jean Couty), la peur de la foule parmi les religieuses à Lourdes en compagnie de son père et de sa mère, la découverte de l'univers de Challes-les-Bains, avec son monde de baignoires, de bidets, et de tuyauteries fantasmagoriques. A l'époque, on ne parlait que du roman érotique : Histoire d'O de Pauline Réage, l'amie de Jean Paulhan. Et, la sublime série des lits métalliques avec leurs barreaux glacés ? Et, le corps parfois morcelé de Marie-Thérèse Bourrat en proie à ses plus vastes chagrins d'amour. Doit-on détailler l'oeuvre de Marie-Thérèse Bourrat ? Trier le bon grain de l'ivraie ? Je ne le crois pas... Marie-Thérèse Bourrat est une artiste inaltérable, proche d'un certain naïvisme, et surtout, de l'art brut dont elle est l'un des plus véritables représentants, dans l'aventure des arts plastiques à Lyon, avec Joannès Veimberg. Redirais-je, que ce fut le pharmacien, et critique d'art, René Deroudille, ami de Jean-Albert Carlotti, et grâce à lui, reconnu par l'historien, Raymond Cognat, qui en fit le correspondant lyonnais de la revue Arts qui fut le premier à célébrer le talent naturel de Marie-Thérèse Bourrat ? Il écrivit avec beaucoup de lucidité : « Pourtant, nous ne pouvions nous détourner de ces toiles, tant nous y découvrions de vérité, de puissance, voire de cruauté, le tout, exprimé avec des formes et bientôt des couleurs, dont nous admirions la puissance. » Jean-Jacques Renaud prononça quelques mots, comme à son habitude. Ils venaient du cœur. Nous en sommes persuadés. Nous félicitons l'équipe de la Fondation Renaud, administrée par Marie-Josée Bourdais. Elle nous permet de voir et de comprendre une œuvre emblématique qui fait désormais partie de la collection du Conseil régional. Marie-Thérèse Bourrat fit aussi des décors pour le théâtre de Marcel Maréchal qui espérait revenir à Lyon, à la direction du théâtre des Célestins. J'admire les livres composés, puis, édités à plusieurs exemplaires, à la main, par le génie singulier de Marie-Thérèse Bourrat. Je ne veux pas oublier l'admirable période, où, Marie-Thérèse Bourrat avait conclu un accord avec Didier Rinck, alors directeur de la « Georges » pour décrire l'ambiance de cette brasserie unique, une des plus majestueuses d'Europe. Heureusement, pour le Théodore, restaurant gastronomique du cours Franklin Roosevelt, Marie-Thérèse avait reconduit avec Robert Perret, et son épouse Florence, un accord similaire qui permet à ce noble établissement d'être, lui aussi, immortalisé. Des bavards, dangereux pour l'écriture de notre histoire, tenteront égoïstement d'utiliser l'oeuvre de Marie-Thérèse Bourrat pour se hisser dans l'arène. Laissons les délirer, ils démontrent les limites des ressources psychiatriques. Nous avons eu le plaisir de retrouver : Régis Neyret, Nicole Duraz, Sylvie Marion, Arlette Dissard, Lara Rolland, Olga Quinaux, Damien Voutay, Laurent Colin, etc. Nous avons appris le décès de l'adorable Suzanne Sabathé, et de Henri Mouvant. Nous présentons à leurs familles nos sincères condoléances. J'évoquais le lien qui unit tous les épisodes de l'itinéraire de Marie-Thérèse Bourrat. Les paysages, autour de la maison familiale de Bourdeau, en Savoie, les merveilleux bouquets de fleurs géants, en sont une composante incontestable. Vous devez visiter cette exposition avec votre famille ou avec vos amis, dans les plus brefs délais, pour avoir le temps de revenir... Marie-Thérèse Bourrat. 60 ans de peinture. Fort de Vaise, jusqu'au 6 décembre 2015. Jeudi au dimanche de 14h à 17h. www.fondation-renaud.com