Martial Raysse / Éditions Loubatières - Musée Paul Valéry
Exposition placée sous le commissariat de Stéphane Tarroux, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée Paul Valéry qui signe la préface. Avec des textes de Dimitri Salmon, "Pauvre de nous" (deux notes échappées au déluge)", d'Anaël Pigeat "Certaines choses que l'on appelle encore dessin", et de Philippe Dagen, "Moralités sculptées". Le musée Paul Valéry après des expositions consacrées à Robert Combas, les artistes de 4 à 4, François Boisrond et Gérard Titus-Carmel, accueille l'un des peintres majeurs de sa génération, Martial Raysse. L'artiste replié dans le silence et le secret de son atelier du Sud-Ouest de la France, maintient une distance qui lui est nécessaire à l'écart des galeries et des musées. C'est un véritable événement qu'il ait accepté l'invitation du musée Paul Valéry, après les rétrospectives qui lui furent consacrées au centre Pompidou en 2014 et au palazzo Grassi en 2015. Après la révolution du Nouveau réalisme et de l'émergence de sa sœur cadette, l'École de Nice, avant-garde de la région niçoise, Martial Raysse a rebattu les cartes et pris un tournant radical, renouant avec la peinture et le dessin auquel il accorde une importance de premier plan. Dans ses années de jeunesse niçoise, à la fin des années 1950, il avait à peine plus de vingt ans. Il fabriquait des objets, des portraits avec des matériaux de récupération ou des objets neufs achetés au Monoprix, et utilisait de la peinture fluorescente et des néons. Cette manière "pop" lui valut rapidement une reconnaissance internationale. Mais un artiste est un créateur en mouvement. L'œuvre de Martial Raysse témoigne de sa vitalité et de son aptitude à se régénérer, tout en conservant une continuité. Il débuta en détournant Cranach, Proud'hon ou Ingres, transformant les odalisques en pin-up. Il poursuit la parodie sous une autre forme, toujours avec une portée critique. A partir du début des années 1980, déconcertant probablement la plupart de ses collectionneurs, il opèra une transformation radicale. Je me souviens l'avoir aperçu au musée du Louvre très concentré devant les œuvres des grands maîtres. Cette exposition exceptionnelle de 90 œuvres, peintures, sculptures et dessins, dévoile quatre toiles jamais montrées au public. On découvre de larges compositions de La Peur et de La Paix, toutes les deux de 2023. Martial Raysse se considère désormais comme peintre et sculpteur, se considérant avant tout comme poète. "Être juste dans l'émotion, c'est être juste dans la forme et dans la couleur sans y penser." déclarait-il en 1992. Et aujourd'hui : "La peinture m'intéresse parce que c'est un langage sans paroles. C'est pour ça que je suis devenu peintre, sinon je serais devenu écrivain. La peinture est un langage universel." Édition parfaite du catalogue. Relié. Format : 29 x 24 cm. 224 p. 33€. Musée Paul Valéry, jusqu'au 5 novembre 2023. Paule Martigny - Mémoire des Arts