Mémoires / Fage - Musée d’art contemporain de Saint-Etienne
Jacques Villeglé est un infatigable arpenteur. Il donne l’impression de tout mesurer sur la terre. Jacques Villeglé est un passionné par la nature humaine, et surtout, Jacques Villeglé cultive ses différences. Lorsque, le critique d’art, Pierre Restany convoqua ceux qu’il considérait comme les futurs membres du groupe des Nouveaux Réalistes (je crois que la scène se passait chez la mère d’Yves Klein, rue Campagne Première, à Montparnasse), Jacques Villeglé fut l’un des premiers à manifester un certain agacement, ce qui n’empêcha pas la naissance et le développement du Nouveau-Réalisme, sorte de réponse française au Pop Art de Léo Castelli. Inutile de vous redire qu’avec son ami, Raymond Hains, Jacques Villeglé fut un des « affichistes » les plus vigilants. Une vigilance qui n’a jamais quitté Jacques Villeglé. Il l’applique avec la même rigueur dans ses créations actuelles, où s’intègrent ses recherches sur le langage et l’écriture sur de vastes panneaux enchâssés dans des structures métalliques. Urbain, Jacques Villeglé n’est jamais trop urbain. Ces « Mémoires » sont peut-être trop logiquement celles de Jacques Villeglé. Il est question d’Arthur Rimbaud, d’Isidore Izou, d’André Breton, de Tristan Corbière, d’Asger Jorn, et de Guy Debord, objet récemment de biographies monumentales dont la plus passionnante fut rédigée par l’admirable. Le langage, l’écriture de Jacques Villeglé touchent t’ils les nouvelles générations ? Je n’en suis pas certain. Hélas ! Comment partager les contenus de notre mémoire ? Qui s’intéresse encore à Tristan Corbière déjà si négligé à son époque ? Il fallait voir cette exposition comme un geste de respectable humilité. Publié dans le cadre de l’exposition qui était présentée au Musée d’art contemporain de Saint-Etienne jusqu’au 22 mai. Relié. Format : 20,5 x 27,2 cm. 104 p. 28€