Musée de Fourvière, Albert Gleizes, et ses disciples...
Je tiens à féliciter le commissaire de cette excellente exposition, François Gauthier, Mme Renault, ainsi que le conservateur du musée, Bernard Berthod qui suit une programmation rigoureuse. On voit une très grande toile de René Maria Burlet qui illustre bien son état d'esprit dans le choix du format, très en hauteur, pour permettre au sujet de la peinture de s'accomplir pleinement. Rien, ici, ne nait du hasard. J'avais quelques craintes. Après le décès de René Maria Burlet, certains, poussés par des marchands sans scrupule, eurent tendance à exagérer leur importance. Il faut lire mon livre : « René Maria Burlet, vers la lumière ». Vous découvrirez une lettre, dans laquelle, Albert Gleizes demandait à René Maria Burlet de proposer une rencontre à son agresseur, pendant une polémique allumée par le critique d'art, Marius Mermillon. Celui-ci n'appréciait pas la présence de la spiritualité dans l'art. Il tentait injustement de discréditer les engagements d'Albert Gleizes. Oui, le véritable représentant d'Albert Gleizes, à Lyon, fut incontestablement, René Maria Burlet à partir de l'exposition de 1947, à la Chapelle du lycée Ampère. Une autre preuve, en 1952, René Maria Burlet fut chargé de terminer la fresque de Chantilly. Pour connaître le parcours d'Albert Gleizes et de ses disciples de Moly-Sabata aux Méjades, il faut acheter l'ouvrage d'Henri Giriat, décédé en juillet dernier : « Gleizes l'initiateur » publié chez L'Harmattan, en 2013. René Maria Burlet puisait beaucoup de son inspiration, comme le divin René Daumal, dans la lecture des textes de René Guénon. Une démarche bien supérieure à celle de n'importe quel copiste. Pas simple d'être un disciple. Je regrette l'absence de l'œuvre de Jean Chevalier engagé autour de l'influence d'Albert Gleizes, et organisateur, en 1941, de l'exposition Témoignage, à Vienne. Il faut dire le rôle joué par Christian Briend, conservateur du département des arts graphiques au Centre Pompidou, d'abord, comme commissaire de l'exposition Albert Gleizes le Cubisme en majesté, au Musée des beaux-arts de Lyon, en 2001, et désormais, comme membre de la Fondation Albert Gleizes. Lorsqu'il animait, l'Académie du Minotaure, creuset d'études de la spiritualité dans l'art, lieu de conférences, de stages, de débats entre artistes de différentes disciplines, qu'il avait fondé, le 16 octobre 1942, dans son atelier de la rue Saint-Georges, avec son épouse Marlène, Jean Bertholle, Etienne-Martin, Albert Le Normand, et Claude Idoux, René Maria Burlet invita plusieurs fois, Dom Angelico Surchamp : le 14 mars 1959, et, le 2 février 1974 pour une intervention destinée à réveiller le souvenir de la « lucidité d'Albert Gleizes » des pronostics (1928-1930) à la réalité (1968-1974). J'étais touché d'apprendre qu'il était toujours vivant, et actif, lui, le fondateur des exemplaires éditions Zodiaque, en 1951. J'eus également un vrai plaisir à retrouver, Béatrix Burlet, fille de René Maria Burlet. Oserais-je évoquer la qualité intrinsèque des toiles présentées avec soin ? Pour moi, il va de soi que René Maria Burlet maîtrise plus ses thèmes, sans aucune volonté de s'enfermer dans une complaisante imitation, comme le font trop souvent : Daniel Gloria, Paul Régny, Andrée Le Coultre, Jean-Claude Libert, etc. N'oublions pas qu'Albert Gleizes aménagea Moly-Sabata à la demande de Robert Pouyaud, alors en difficulté. Un film très intéressant est projeté en permanence. Gilka Béclu Geoffray, fille de César Geoffray concepteur des Chorales à Cœur joie, témoigne avec la vigueur que nous lui connaissons. Il faut, indispensablement, visiter cette exposition, en famille ou, avec vos amis. N'avons-nous pas trop oublié ce qui fut la formule motrice de Moly-Sabata : « l'Accomplissement de soi par l'oeuvre... » Musée de Fourvière, 8, place de Fourvière, jusqu'au 15 janvier 2017. Tous les jours de 10h à 12h30, et de 14h à 17h30. 04 78 25 86 19