Pascale Charrier-Royer, Galerie 41

Mercredi, 16 Octobre, 2024 - 10:52

"Racines, vitalité et résilience". Jusqu'au 16 octobre, une exposition à ne pas manquer

L’exposition de Pascale Charrier-Royer est inscrite dans le programme Résonance de la 17e Biennale d’Art contemporain de Lyon, Les voix des fleuves. Crossing the water. Les fleuves sont des liens. Dans les racines coule la sève. Elles relient la série de l’artiste à ce titre.

Le soir de vernissage vendredi 4 octobre, fut exceptionnel. Dans cette galerie au charme indéniable dans le quartier historique du Vieux-Lyon, Pascale Charrier-Royer avait créé un climat autour de ses peintures, des installations de branches et de souches, discrètes et harmonieuses. Dans cet environnement bien pensé elle avait prévu une performance de Handpan par Taz Roland. Ce musicien nous a enchantés de quelques compositions personnelles, des sons méditatifs chargés de mystère et d’émotion en cohésion avec les peintures organiques de Pascale. Tous étaient sous le charme de ce concert zen joué sur un instrument insolite. Pourrait-on le résumer en Parlez-moi d’amour, redite-moi des choses tendres ?

Les grands formats offrent plus de liberté, de spontanéité à Pascale Charrier-Royez. Ils permettent la libération de l'énergie qui est en elle. Mais regardez aussi attentivement sa série de petits formats sur le thème du vent. Ils sont enchanteurs, la lumière et le mouvement cristallisent un émoi serein. L’idée de croissance impose la verticalité. Les racines c'est l'épanouissement, le développement de l'homme, lié à ses origines, à sa famille, à son pays, à l’univers... La mort de sa mère en 2022 a incité Pascale Charrier-Royer à s'interroger davantage sur un sens plus intime, sur l'origine. Au début, c'est ce mot qui s’est imposé à elle pour nommer sa série, et en fut le fil conducteur. Impressions et sentiments sont rassemblés dans sa superbe peinture Madame Bâ, en référence au roman d’Érik Orsenna qui l’avait fortement troublée.  

Pascale était déjà admirative de l’œuvre de Joan Mitchell vue au musée de Grenoble, puis à la Fondation Vuitton en résonance avec Monet. L'exposition Cy Twombly au centre Pompidou confirma son intérêt pour l’expressionnisme abstrait américain. Ce choc plastique fut un élément déclencheur. Cette rétrospective et en particulier les grandes fleurs produisirent en elle un déclic, une libération gestuelle.

Le vert est très présent avec sa valeur d'espoir. Le Tourbillon de la vie rassemble l'impression générale. Dans une autre toile l'appel de la forêt est signifié en lignes serrées qui permettent l'éclosion de la nature. Notre regard s'attarde sur un mélange de lignes torsadées qui forme d'un sablier en torsion. Il exprime la diversité avec tous ces fils emmêlés qui fusionnent. Toutes les civilisations, toutes les couleurs, et une idée de notre devenir. Sur un autre format, à l’inverse, une seule racine. C'est le mystère profond de la filiation. Plus loin, aucune racine, c'est le manque, cependant une ligne hors champ signifie un désir de vie. Être est le maître mot, signifié ailleurs par un tronc. Pour ne pas oublier d'où on vient, de jeune pousses vertes sont visibles en bas de l'arbre nu. Que voit-on dans Jeune pousse, la dernière toile de la série ? Un visage androgyne les yeux clos, image d'humilité et d'un réveil en attente. Le futur.

Toutes ces toiles portent à cette réflexion : L'art est déjà né et il n'est pas encore né, en référence à Brancusi. Le lien est puissant, le futur et le passé sont entremêlés. Cette production de Pascale Charrier-Royer illustre parfaitement la phrase du peintre René-Maria Burlet : La peinture pourquoi faire ? Sa production est liée à une profonde réflexion. L'artiste ne nie pas les influences qui ont régi sa nouvelle direction, et assume ses admirations. Elle s'en est nourrie pour à présent peindre à sa propre source.

10 octobre. 19h. Dialogue entre Pascale Charrier-Royer et Paule Martigny autour de l’expressionnisme abstrait américain.12 octobre. 10h30. Art et Yoga.

https://www.labiennaledelyon.com/fr/lieux/galerie-41-1

Racines, vitalité et résilience, Galerie 41 jusqu’au 16 octobre 2024. 41 rue Saint-Georges Lyon 5e. Tous les jours 10h-19h. Metro D : station Vieux Lyon Bus : C20, 27, 31 arrêt Vieux Lyon Stationnement : parking St Georges /St Jean

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com