Picasso Mania au Grand Palais...
Pourquoi ? N'avons nous plus le recul nécessaire, pour analyser une œuvre ? Serions-nous les victimes d'un mal français, le tout, ou rien ? L'aveuglement, la négation, puis, la certitude absolue, l'asservissement à la vérité commune. Déjà, dans la revue Jardin des Arts, en 1964, le critique et historien d'art, Michel Ragon, présent dans le dernier accrochage de la collection du Centre Pompidou, célébrait le Barcelonais boulimique : « Picasso demeure unique. C'est un homme orchestre dont l'oeuvre n'a pas fini de nous étonner. » Michel Ragon avait raison, sauf qu'aujourd'hui, nous avons amplement débordé les frontières de l'étonnement. Ne sommes-nous pas revenus à ce qu'écrivait Michel Ragon, à propos du Picasso de l'Entre deux Guerres : « Picasso était devenu pour le public le symbole de l'avant-garde, alors que l'avant-garde était ailleurs, que les maîtres de la nouvelle génération (de ma génération et non de celle d'Apollinaire, contemporain de Picasso) se nommaient Kandinsky, Klee, Miro. L'ombre de Picasso étouffait ces nouveaux arbustes, devenus aujourd'hui arbres également presque « centenaires ». Nous ne sommes plus dans cette période de combat ». En ce début de XXIe siècle, Picasso pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant en proie au vaste ennui, aurait dit, Charles Baudelaire. A l'entrée de l'exposition, un monumental geste plastique « Picasso Sortoffabulous », par la présence d'un ensemble de 18 images fixes de grands formats qui s'animent pour libérer la parole des laudateurs de l'auteur des Demoiselles d'Avignon : Ed Ruscha, Miguel Barcelo, Agnès Varda, Frank Gehry, Jeff Koons, Adel Abdessemed, etc. Ce mur-vidéo est conçu par Laure de Clermont-Tonnerre et Diana Widmaier-Picasso, petite-fille de l'artiste. Une occasion de retrouver l'œuvre de David Hockney. Je regrette que certains limitent, par inculture, le Cubisme à Picasso et Braque, en omettant son concepteur : Albert Gleizes. Cet accrochage de 300 œuvres est un fait médiatique, il n'a pas besoin de notre soutien. Galeries Nationales du Grand Palais jusqu'au 29 février 2016. grandpalais.fr