Plumassiers / Filigranes éditions – Musée Paul-Dupuy
Il s’agit d’un reportage présenté par pays au sein de l'univers des plumassiers, un magnifique métier assez mal connu. Les splendides photographies de Rip Hopkins ont été prises entre 2019 et 2020 alors qu’il ne connaissait absolument rien de cet univers, de la plus grande exploitation au plus petit atelier artisanal ou familial, jusqu’au milieu de la mode. Cette investigation nous mène des élevages d'autruches en Afrique du Sud aux fermes d'Europe, soulignant la cohabitation affective entre l’homme et l’animal. Rip Hopkins, photographe d'origine britannique, né à Sheffield en 1972. a débuté sa carrière de photographe en collaboration avec Médecins sans frontières. Diplômé de l'École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI) à Paris, il met en scène les gens et les objets de manière décalée, témoignage très personnel de son rapport au monde. Le diptyque "Plumassiers" et "Plumes", est composé de deux livres et d’une double exposition au musée de l’Affiche (Matou) et au musée Paul-Dupuy, à Toulouse. Un dialogue artistique avec Julien Magre issu d’une résidence initiée par le musée Paul-Dupuy en collaboration avec la galerie Le Réverbère à Lyon. "Tout à la fois reporter, enquêteur-documentaliste, ethnologue, portraitiste de grand talent, Rip Hopkins magnifie son matériau de prédilection : l’humain et la rencontre. A l’écoute de ces hommes et ces femmes, héritiers et passeurs de traditions souvent ancestrales, qui façonnent la plume pour les usages les plus divers et les plus inattendus, aux quatre coins de la planète" écrit Jean-Luc Moudenc maire de Toulouse, président de Toulouse métropole. Dans le texte "Une affaire de plumes", Maud Ruby nous apprend que les plumassiers récoltent, préparent et transforment les plumes, qu’ils cultivent la discrétion et travaillent avec passion, minutie et patience. L’accent est mis sur leur contrainte à faire des choix difficiles pour perdurer. Tous s’accordent à dire que leur métier a changé. Leur façon de travailler doit être plus raisonnée et cohérente avec notre époque, en adéquation avec la théorie de l’évolution : s’adapter ou disparaître. On assiste au traitement des plumes, aux teintures, à la fabrication des plumeaux, des œufs d’autruches peints ou sculptés, à l’élaboration de boas avec un plumage d’argus géant d’un éleveur belge, au remplissage de housse de couette avec du duvet. L’ouvrage est enrichi de superbes rencontres, à l’exemple en Belgique de celle d’un « louageur » de costumes de Gilles de Binche depuis cinq générations. Les plumes qui viennent d’Afrique du Sud servent à la fabrication des chapeaux. Le Gille qui date de 1795 est un personnage de carnaval. Autre exemple : le casque surplombé de plumes d’autruche du tambour-major de Gerpinnes, et aussi costumes pour travestis de cabarets belges, néerlandais, français et allemands. Un rare livre sur un sujet qui n'a pas été traité depuis plus de cent ans. Les textes sont vivants et formidablement informatifs. Ouvrage broché avec très larges rabats. Format : 21 x 30 cm. 208 p. 30€. Exposition au musée Paul-Dupuy de Toulouse, jusqu’au 10 novembre 2023. Paule Martigny – Mémoire des Arts