Pop Club / Radio France-Ina
Nous étions en 1972. Georges Brassens était reçu par José Artur. L'homme qui assuma l'émission la plus préservée de l'histoire de la radio. Quelques jours plus tard, il devait chanter à Bobino, ses dernières chansons. Il n'avait plus que quelques années, à vivre. Il faisait, comme si de rien n'était. Au passage, je tiens à rectifier la formule, injustement attribuée, à José Artur : « Une journée où on n'a pas ri est une journée perdue. » En réalité, cet aphorisme est de Nicolas Chamfort, pas le chanteur, mais, le polémiste du XVIIIe siècle qui a dit de sublime manière : « La plus perdue des journées est celle, où on n'a pas ri. » Il s'agit de prendre de la distance avec le malheur, le ridicule humain, car, chaque jour, il nous offre l'occasion de rire. Une façon de se guérir. Paul Léautaud cite cette phrase de Chamfort, dans son journal littéraire. Je veux bien croire que José Artur a lu, et, Paul Léautaud et les Aphorismes de Nicolas Chamfort. Pour revenir à l'émission du Pop Club, où José Artur recevait Goerges Brassens. On ressent une certaine amertume, de la part de son hôte. Artur avait invité Brassens qu'il avait connu jeune, dans le cabaret animé par Patachou, à Montmartre. Brassens négligea l'invitation. Le temps passa. Mais, le beau moment de radio devait naître, José Artur amenant Brassens, à chanter en direct, et en public, en lui tenant sous les yeux, le texte de ses chansons. Merveilleux. En 1972, on savait encore peu de choses sur la vie de Georges Brassens. Les célébrations récentes ont libéré les langues et les consciences. Quel bonheur de retrouver le générique du Pop Club : « 24 heures sur 24 heures, la vie serait bien dure, s'il n'y avait pas le Pop Club, avec José Artur. » Sublime ! Je vous recommande, très vivement, l'acquisition de ce CD pour les fêtes de fin d'année. Une époque élue, où les humains civilisés (hélas, il y en a de moins en moins) prennent le temps de réfléchir à ce qu'ils sont vraiment. Pour tous renseignements : editions.radiofrance.fr