Regain renaît dans la vigueur et l'inventivité...
Thomas Rudigoz représentait le maire de Lyon. Il portait un pantalon rose, et des lacets d'un bleu électrique confirmant les dons artistiques dissimulés du maire du 5e arrondissement. Thomas Rudigoz revint sur les deux années de travaux qui permirent au Palais de Bondy de resplendir, comme à son premier jour. Il faut remercier, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, président de la Métropole. Cette rénovation était attendue depuis les années soixante. A cette époque, déjà, mon ami Camille Niogret, alors président de Regain, réclamait un nettoyage des verrières. La mission est accomplie. Il fallait une détermination véritable. Mais, Gérard Collomb est ainsi fait. Lorsqu'il promet, il exécute. En voici la preuve. Grande nouvelle. Un ascenseur est en place. Impossible, désormais, d'invoquer les majestueux escaliers, nés de l'imagination de l'architecte, Eugène Huguet (1863-1914). Certains esprits chafouins prétendaient que Gérard Collomb profiterait du chantier pour exclure les Salons. Voici, la démonstration du contraire. Gérard Collomb rend leur dignité aux Salons de Lyon. Autre nouvelle, Elise Palmigiani, modeste et dynamique, succède au vénérable, Nicolas Kouzoupis. Celui-ci eut l'estimable mérite de présider à la suite de Patrick Galante, et de notre talentueux camarade, Henry Treffel, dont le neveu était présent, avec certains projets. Nicolas Kouzoupis qui dirigea pendant dix-neuf ans, a maintenu l'étendard de Regain, pendant des années difficiles pour tous les Salons. Bravo ! Elise Palmigiani démontre qu'une équipe unie peut déclencher des miracles. Et puis, une femme présidente !... Elle triomphe d'Hillary Clinton dont l'élection portera au pouvoir une femme diminuée, par plusieurs accidents vasculaires cérébraux. Rassurez-vous, Elise Palmigiani est en pleine forme ! La nomination de l'énergique, et volontaire, Elise Palmigiani apporte à Regain, un souffle que nous pensions inaccessible. Elle veut dans une sélection rigoureuse, construire un tremplin pour les jeunes talents. Je crois que son pari est déjà réussi. Une ère nouvelle commence dans la bonne humeur. Maintenant, dans toutes les salles, la luminosité est intense, et sert merveilleusement la production des artistes. Rendons hommage aux plus anciens des sociétaires : Janine Rimet, admiratrice de René Maria Burlet, qui présente un triptyque généreux, un triomphe pour la peinture symboliste « de la matière à la lumière ». Sa présence ici est un bonheur. Gabriel Ohayon, maître de la fresque, célèbre la femme à sa robuste manière, non dépourvue de poésie. Gérard Elefteriou, auteur de la mise en espace, expose au Salon Regain, depuis 1958. Il avait vingt ans. Il fut élève de l'école des beaux-arts de Lyon, et, revendique d'avoir suivi l'enseignement de Camille Niogret. Pour nous, un fertile terrain de retrouvailles. Cette année, il bénéficie des « Pleins feux » en compagnie du sculpteur, Isabelle Mossuz. Enfin, Claude Couteau aux tendres coloris descripteurs d'univers oniriques. La présence du regretté Paul Fayard manifeste un attachement du Salon à ceux qui furent ses forces vives. Les artistes présents proviennent de l'ensemble de notre territoire : Paris, Louveciennes, Marseille, Bordeaux, Chambéry, Tours, Roanne, etc, et même, de Genève et de Grèce. Je regrette que le nouveau président de notre région, Laurent Wauquiez, ne soutienne pas, par sa présence, cette ouverture sur notre région, et au-delà. Citons ceux qui retinrent notre attention : Danielle Perge, formée à l'école des beaux-arts de Lyon, n'est jamais aussi efficace dans sa peinture que lorsqu'elle abandonne tous projets, pour laisser libre cours à son humeur, à son inspiration, comme dans sa traduction de ce boudoir enchanteur, Delphine Amoudjayan doit poursuivre dans la même voie, fidèle à ses origines, à ses récits, à ses contes, et, à l'histoire de la modernité picturale avec des couleurs rayonnantes. Denis Baudrier, aux compositions sensibles, scénarisées et hyperréalistes, Franck Brossy traducteur de nos vestiges patrimoniaux, Aude Carrabin heureuse descriptrice de frondaisons proches de celles qu'appréciait Georges Albert Tresch, admirateur de Paul Cézanne, Christian Cartayrade, voyageur brondillant, et inspiré par les rochers rouges de l'Estérel, Claude Laurence Casoli, fidèle à sa manière pour notre plaisir, Sylvain Castagnet et ses paysages romantiques empourprés de passion, Pascale Charrier-Royer qui nous touche en plein cœur avec cette jeune fille surgissant pour nous émouvoir sur son chemin, nous aimons les broussailles de Josiane Chauvin, Odile Daventure s'exprime avec des dessins en noir et blanc, elle a peut-être trouvé là son véritable langage, le plus attractif. Danielle Dehoux-Grafmeyer mérite, un jour, une vraie valorisation de ses recherches inégalablement poétiques, comment ne pas céder aux charmes du Rêve de jade, ou, du doux rêve du nénuphar, la bordelaise Sandrine Etienne est peut-être à l'orée d'une voie nouvelle, elle doit poursuivre, certainement dans de plus vastes formats, Florence Megardon est un maître du dessin, étrange, et même envoûtant, Bernadette Leclercq rend hommage à la sainteté, alors, que le Vatican vient de canoniser mère Teresa, Laura Julien demeure un témoin, un regard vigilant sur notre époque, Renée Oconel prouve que le paysagisme nourri d'abstraction est encore capable de générer des émotions, Xavier Moulin serait-il un disciple de Paul Fayard ? Sa réhabilitation de Saint-Thomas en serait-elle la preuve ! Claude Leclercq s'avance avec succès vers une célébration de la spiritualité moins figurative, Jacqueline Perrodin propose une peinture abstraite et gestuelle, Evelyne Pantalacci chante le Printemps des hirondelles selon une manière que n'aurait pas désavoué, Henri Matisse, célébré à la fin de l'année au Musée des beaux-arts de Lyon, Alain Schmitt est à mes yeux l'une des révélations du Salon, il conçoit dans la spontanéité une atmosphère inimitable, Richard Tisserant aime dissimuler son visage derrière sa peinture, serait-il un peu secoué ? Pour finir, je tiens à féliciter, Myriam Withers qui présente trois toiles porteuses de messages bibliques dignes, pour la ferveur, du sculpteur, Edme Bouchardon, exposé actuellement au Musée du Louvre. Le passé de Regain est si riche que les idées d'hommages futurs sont abondantes : Louis Josserand, Camille Niogret, Odile Rivat-Turillot, Janine Rimet, René Burlet, Henry Treffel, Danielle Perge, Patrick Galante, etc. Signalons dans le public, la présence de Lara Rolland, présidente de l'Hivernal de Lyon, et, d'Yves Malfroy, président d'honneur de la Société Lyonnaise des Beaux-Arts. Je vous encourage, très vivement, à retrouver le charme du Palais de Bondy, les artistes de Regain, et, le plaisir de se sentir étroitement lié à notre riche passé artistique. Jusqu'au 2 octobre 2016. 78e Salon Regain-Palais des Expositions-20, quai de Bondy-Lyon 5e.