Robert Duran a choisi de tirer sa révérence…
J’avais déjeuné avec lui, il y a trois semaines. Il avait fait la route en voiture, par la vallée d’Azergues, depuis Charlieu, où il disposait d’un monumental atelier que j’avais visité avec mon neveu, Vincent. Robert Duran lui avait prodigué des conseils. Nous étions subjugués par sa parole exemplaire. Né à Charlieu, le 9 mars 1927, Robert Jean Paul Durand fut élève de l’Ecole des beaux-arts de Lyon d’octobre 1945 à juin 1947. Il avait choisi de retirer la dernière lettre de son nom de famille. Robert Durand avait eu comme condisciples : Geneviève Bohmer, Suzanne Mézie, Louis Tricaud, Odette Ducarre, Pierre Rochas, Jean Cardot, Georges Adilon, Jean-Pierre Vincent ami de Jean-Albert Carlotti, Aimé Deviègue, Jacques Boullier, Louis Niogret, Gabriel Gouttard, Monique Lainé-Ferréol, Philibert Charrin, Alice Gaillard, Jean Janoir, etc. Il croisa même, Jean-Jacques Robert, fils d’architecte, qui deviendra célèbre, comme critique d’art, sous le nom de Jean-Jacques Lerrant. Robert Duran fut l’ami de Pierre Doye, dont il me confiait qu’il fut pour lui un ami, et un employeur fidèle. Dur de vivre de sa peinture à Lyon, surtout dans les années d’après-guerre, pendant lesquelles, Robert Duran quitta l’Ecole des beaux-arts, pour s’installer comme artisan au service de ses amis architectes. Il avait aménagé son emploi du temps pour peindre. Je l’avoue. Je ne connais la production de Robert Duran que pour les quarante dernières années. René Deroudille, critique d’art engagé, avait obtenu de la Commission présidant les travaux du métro de Lyon qu’il fit la décoration de la station de la place Jacquard, à la Croix-Rousse. Robert Duran laisse une œuvre abondante, et surtout, dans les grands formats. Le corps féminin exerçait sur lui une attraction irrépressible. Il composa de remarquables paysages. Mais, j’apprécie plus particulièrement, ses natures mortes. Pour toute son œuvre, le choix de sa palette est unique : des mauves étranges, des blancs volontairement assombris, des rouges et des verts ambigus et retenus. Et toujours, beaucoup de force, celle de son caractère indomptable. Confronté à la maladie, il n’a pas supporté la douleur, et la diminution des forces qui lui permirent de réaliser son œuvre, si puissante. Robert Duran était un être incomparable. Il est mort, comme il avait vécu, en homme déterminé à préserver toute sa liberté. Nous présentons à sa famille, et à ses nombreux amis, nos très sincères condoléances. Obsèques : lundi 18 mai 2015, à Charlieu dans la Loire, à partir de 14 h.