Robert Duran à l'Oeil écoute...
Un lieu mythique qui est devenu un moyen de faire du fric, une tirelire pour la sœur de Régis Neyret. N'importe qui peut exposer là, moyennant finance. Plus aucun intérêt, sauf, lorsqu'il s'agit du peintre Robert Duran qui m'avait demandé d'intervenir, à l'heure des discours. D'abord, l'assistance, dans laquelle, on reconnaissait des visages sympathiques : l'architecte Jacques Rey et son épouse, Monique Ruch qui fut mariée au peintre londonien Jim Léon, Ariel (l'ange éternel) heureux de voir le musée de Fourvière exposer les œuvres de son père Evaristo, René Munch remarquable graveur injustement oublié, Olivier Girerd, l'immuable Déméter, Jacqueline Duroza, Geneviève Böhmer, etc. Gérard Gasquet qui enseigna à l'école des Beaux-Arts de Lyon, avait tapé trois pages de texte. Une analyse profonde et poétique de l'œuvre de Robert Duran. Un véritable travail de critique d'art. Je n'étais pas d'accord avec lui, sur deux points. Premièrement, même si Robert Duran, comme Jean Couty, ne peut être limité aux frontières de notre ville, et de notre région, il figure parmi les artistes lyonnais, puisqu'il fit ses études à l'école des Beaux-Arts de notre ville, avec Geneviève Böhmer, Suzette Mézie, etc. Deuxièmement, Gérard Gasquet employa de longues références à Marcel Duchamp, n'hésitant pas à le citer abondamment, et à déclarer qu'il aurait admiré l'œuvre de Robert Duran. Faux. Marcel Duchamp est dans l'actualité des expositions, à Paris, il était l'ennemi de ce qu'il nommait la peinture rétinienne. On vient de republier à cette occasion, l'admirable entretien du critique et historien d'art, Pierre Cabanne avec Marcel Duchamp, réalisé en 1966, où il affirmait son désintérêt pour cette forme d'art. Cette évocation de Marcel Duchamp fut surtout une occasion pour Gérard Gasquet, de réagir en victime, et de se venger, en jetant une pierre dans le jardin « déplumé » des fonctionnaires de l'art contemporain qui l'excluent de leurs programmations, depuis longtemps. Pourtant l'argument est justifié, en effet, Marcel Duchamp refusait d'être considéré, comme le père de l'Art contemporain. Comment, ne pas profiter de cette prise de parole, pour rappeler la vente illégale de la Collection de Léa et Napoléon Bullukian, organisée par l'étude Anaf et Cie, le 27 septembre dernier. Une injure, pire, un crachat sur l'histoire de la création à Lyon. Heureusement, il y a encore des artistes, comme Robert Duran, dont on pouvait voir des toiles récentes, et de nombreux dessins. Quelle énergie ! Robert Duran ne se refuse rien. Il assume tout, même et surtout, la possibilité de bousculer la conscience des « voyeurs » à défaut d'être des « voyants ». Il traverse le temps, dans sa vaste demeure-atelier de Charlieu, sans renoncer à rien de l'énergie, de l'inspiration qui le tiennent debout, depuis plus de soixante ans. Il n'est pas né, celui qui collera une étiquette sur l'art de Robert Duran, artiste indompté, il est perpétuellement en mouvement. Il nous surprend encore. Qui a dit que tout était affaire de volonté ?... Galerie L'Œil écoute. 3, quai Romain Rolland, Lyon 5e. Du 7 au 13 octobre 2014. 15h à 19h ts les jours. Dimanche 11h-19h.