Ron Mueck à la Fondation Cartier…
Sans vous voir, sans vous reconnaître devant les œuvres de Ron Mueck. Un événement. La foule déambule. Une longue file d’attente avant de cotoyer les sculptures de Ron Mueck. L’art de Ron Mueck est avant tout un constat social. Une description de l’état de nos sociétés consuméristes. Impitoyablement Ron Mueck dispose sous les yeux des visiteurs des images accablantes. Ron Mueck utilise une technique développée dans le monde du cinéma, et du théâtre par Richard Peduzzi, dans les ateliers de fabrication de décors du Théâtre National Populaire, à la fin des années soixante-dix. La Fondation Cartier diffuse un film de Gautier Deblonde, où on voit précisément Ron Mueck au travail, accompagné de ses assistantes. On le voit débuter avec une armature, puis évoluer dans sa composition, selon cette technique connue de tous les décorateurs de théâtre et de cinéma. Ron Mueck en fait son langage en veillant de la pointe du pinceau, à la présence du moindre détail. Mais, l’essentiel ne réside pas dans la ressemblance à la réalité. Pour lui échapper, Ron Mueck modifie les proportions de ses sujets. Plus petits ou plus grands que le réel. Je me souviens d’un poulet égorgé, énorme comme une autruche. Ce poulet, si présent dans l’alimentation des européens, surtout depuis la maladie de la vache folle… Les retraités sur la plage sont un symbole de l’économie contemporaine. Ils tiennent les cordons de la bourse. Mais, pour combien de temps encore ? Un jeune couple semble très amoureux, des études très sérieuses nous indiquent que déjà, ils n’ont plus rien à se dire. Bientôt, le divorce. Il est symptomatique de constater que les visiteurs ne s’identifient pas aux personnages de Ron Mueck, et pourtant, s’il ne s’agit pas d’eux-mêmes, ils devraient reconnaître leurs sœurs, leurs frères, leurs pères, leurs cousines, etc. Non, il s’agit d’art. Rien de commun avec leurs vies. Merveilleux spectacle que cette vision de visiteurs ignorants le miroir de leur état physique et mental, tendu devant leur yeux par le silencieux Ron Mueck. Quelle dérision. Bravo, l’artiste !... Fondation Cartier pour l’Art Contemporain-261, boulevard Raspail-Paris 14e. Exposition prolongée du 29 septembre au 27 octobre 2013. Tous les jours, sauf le lundi, de 11h à 20 h. Nocturne le mardi jusqu’à 22h. Réservation : 01 42 18 56 67