Une exposition hors normes : les sculptures du Pivert
Que l’on aime ou pas, c’est un fait, les sculptures d’André Andreu interpellent. Partons à la découverte de ce phénomène qui ne laisse pas indifférent…
Ceux qui s’intéressent au patrimoine comprendront aisément cette démarche. De nombreux amateurs ont visité le musée Unterlinden à Colmar et, le retable d’Issenheim de Grünewald mis à part, ont pu admirer les hauts-reliefs en tilleul polychrome des XVe et XVIe siècles.
Une galerie d’art n’est pas seulement un lieu d’exposition, c’est aussi un véhicule de connaissances. Dans le cas présent, la galerie Mémoire des Arts a choisi dans une démarche éclectique, de faire découvrir l’œuvre d’un artiste atypique, Le Pivert, qui pratique un métier d’art, la sculpture sur bois en haut-relief, c’est-à-dire pratiquement en 3D, puisque les sujets sont presque dégagés en totalité, dans la tradition du Moyen âge, et peints à la cire. Deuxième aspect intéressant, les sculptures du Pivert, produites avec un savoir-faire ancestral ne sont pas des copies mais des œuvres originales. Il s’agit de la création d’un artiste qui pense son sujet avec des dessins préparatoires.
André Andreu de son nom d’artiste "Le Pivert". Pourquoi? C’est le nom qu’il a adopté, suite à la visite d’un maître d’œuvre sur le chantier de réhabilitation d’une église dans le cadre de son travail pour les Monuments historiques. Au moment où il cherchait André Andreu, ne le voyant pas mais l’entendant frapper régulièrement, il s’écria : "Mais il est où ce sacré pivert? C’est ainsi que son nom d’artiste est né, et que depuis cet épisode André Andreu signe ses sculptures avec un pivert.
Au sujet de son travail pour le Patrimoine André Andreu dit : "J’ai appris les métiers de menuisier, la restauration des châteaux, des églises. C’est là que j’ai commencé la sculpture". Le Pivert est un homme à l’énergie débordante. A plus de 80 ans il attaque quotidiennement avec ardeur chêne, hêtre ou tilleul dans son atelier de La Mulatière.
Il n’arrête jamais et déclare : "Je dépense beaucoup d’argent sans en gagner, mais si j’arrête de sculpter, je meurs."
Plusieurs pièces imposantes révélatrices de sa puissance créative sont exposées, accompagnées d’autres de taille plus modeste pour satisfaire les amateurs. Ce travail insolite échappe au catalogage et ravit l’esprit de la galerie. Le Pivert est à part. Il adore les repas de bonne chère préparés par lui-même pour ses amis, roboratifs et bien arrosés. Le vernissage le 3 octobre fut d'ailleurs mémorable.
Autre trait de son caractère, en dépit de son assurance affichée et de sa gouaille, Le Pivert est modeste. C’est la raison pour laquelle tous ses personnages ont les yeux fermés en signe d’humilité. Ce qui ne les empêche pas de voir et d’être heureux.
Octobre, la période d'exposition choisie n’est pas anodine, entre la fin des vendanges et la sortie du beaujolais nouveau. Partageons la joie de vivre d’André Andreu "Le Pivert", son talent et sa truculence avec ses scènes moyenâgeuses replacées dans un contexte contemporain, des atmosphères conjointes de tavernes et de bouchons lyonnais et un fameux cul de tonneau.
Vous pouvez consulter une vidéo de 8’33 sur son travail. Vous découvrirez son atelier et quelques-unes de ses importantes commandes.
Exposition Le Pivert (André Andreu), sculptures en haut-relief, 4-26 octobre 2024. Galerie Mémoire des Arts. 124 rue de Sèze. 69006 Lyon 06 32 62 93 21. Du mercredi au samedi 15h-19h et sur rendez-vous.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com