Yoko Ono – Lumière de l'aube / Mac de Lyon - Editions Somogy
Dans sa préface du catalogue de cette exposition, le directeur du Mac de Lyon, co-commissaire de cet événement, Thierry Raspail, résume la pensée artistique de Yoko Ono, en la citant : « Je pense ma musique davantage comme une pratique que comme une musique. Le seul son qui existe pour moi est celui de l'esprit… Mes peintures sont toutes des peintures instructions, et sont destinées à être faites par les autres.… Mon intérêt se porte principalement sur: la peinture à construire dans vos têtes… » Thierry Raspail insiste : « Tout l'œuvre de Yoko Ono tient entre ces deux idéaux, dont l'évidence a longtemps été tenue pour naïve : Oui et Imagine. » En effet, rares sont les artistes de l'art contemporain qui furent plus sous-estimés que Yoko Ono. Beaucoup d'esprits malveillants limitèrent l'intérêt de sa production artistique, à la gloire qui fut la sienne, après sa rencontre avec John Lennon. Pourtant, Yoko Ono est indiscutablement inscrite dans les prémisses de l'art contemporain naissant dans l'Après-Seconde Guerre Mondiale. Comme en témoigne, en 1955, sa rencontre avec le compositeur d'avant-garde, Toshi Ishiyanagi. Elle s'installe avec lui, à Manhattan, l'épouse, en 1956, et fait la rencontre de John Cage, mais aussi, du musicien, Morton Feldman, et du danseur, Merce Cunningham. La carrière de Yoko Ono commence vraiment, en 1960. Le groupe Les Beatles n'existe pas encore. Thierry Raspail a choisi, délibérément, de ne pas respecter une chronologie, mais d'unir, tous les vecteurs utilisés par Yoko Ono : sculptures, peintures, vidéo, performances, installations, musiques, sons, etc. Le catalogue de cette première rétrospective française de l'œuvre de Yoko Ono est un véritable monument, qui doit être considéré, comme un objet de collection. Sur les gardes, figure une paire de fesses, indiscutable témoignage de l'authenticité de Yoko Ono qui n'a jamais hésité à mettre son corps en jeu, comme dans sa performance intitulée « Cut piece ». Parmi les contributeurs : Jon Hendricks, proche de Yoko Ono, qui fut au Mac de Lyon, commissaire de l'exposition dédiée à Ben Vautier (membre du groupe Fluxus). Autres participants : Mathieu Copeland : De bouche à oreille. Emma Lavigne : Chambers street, une chambre à soi. Annie Claustres : la Création Mono no aware de Yoko Ono : entre fondation et réception. Olivier Lussac : Yoko Ono, une musique pour l'esprit. Stéphane Davet : Yoko Ono et la musique. Contient aussi, la liste des œuvres exposées, une anthologie de textes de Yoko Ono, une biographie racontée, une chronologie des expositions, concerts, events, etc. Il n'y a rien de dogmatique dans l'œuvre de Yoko Ono. Il ne fut jamais question, pour elle, de sacrifier au minimalisme, et de se cantonner à une quelconque démonstration d'un art conceptuel limité par une pensée artificielle. La vie occupe toujours, tout l'espace des œuvres de cette militante pour la paix. J'ai particulièrement apprécié l'ensemble des cercueils pour hommes, femmes et enfants, conçu en 1997, où, des arbres jaillissent des cercueils de fabrication volontairement modeste, pendant que des chants d'oiseaux résonnent. Yoko Ono a voulu, ce qui nous dit la profondeur de son introspection, décrire une métaphore de la mort et de la résurrection. Derrière la moindre des œuvre de Yoko Ono réside une pensée toujours anti-conformiste. Depuis ses premières performances, Yoko Ono proteste contre un système conditionnant, dont elle refuse tous les principes. Rien n'est gratuit. Il n'y a pas de place ici, pour la moindre convenance. Comme dans la vie même, le pire est toujours possible, simplement, Yoko Ono ne refuse jamais de l'affronter. Je vous recommande, très vivement, la visite de cet hommage, à la réalisation complexe, conçu avec le concours de toute l'équipe des techniciens du musée, emmenée par Thierry Prat. Imposant catalogue, éditions Somogy. Français-anglais. Relié. Couverture cartonnée. Format : 30 x 30 cm. 491 p. 45€