Lyon Cité Internationale de la Gastronomie, un projet né dans la précipitation...
Dans la salle, l'inévitable Christophe Marguin entouré de ses deux complices Joseph Viola et Mathieu Viannay (qui vient de faire une démonstration dans son restaurant deux étoiles, la mère Brazier, de poudre de perlinpinpin préparée par une société adepte de la nourriture industrielle, dont je tairais le nom), jouait les chefs d'orchestre. Il plaçait son monde. Jeannot, viens par ici, Jeannot. Y'a des places. Quatre ! Oui, Totor toi aussi. Avance. Viens devant ! Quel metteur en scène ce Cricri !... Laurent Bouvier était déjà assis, toujours dans le rôle du bon élève. L'instant était solennel. La présence de Jacotte Brazier en attestait. Gégé, à peine à la tribune, agitait les bras, visiblement impatient. Le petit personnel qui régnait sur les instruments médiatiques n'aurait pas le droit à la faute. Le maître des lieux rugissait intérieurement. Dame, l'heure était grave. Il s'agissait de concourir pour un statut délivré par le ministère de la Culture et Mme Aurélie Filipetti, celui de Cité de la gastronomie, avec à l'origine le repas des français inscrit au patrimoine de l'UNESCO, en novembre 2010. Gérard Collomb et ses immodestes camarades largement rétribués ajoutent l'adjectif, Internationale. Avec Gégé à Lyon, on ne se prive pas de superlatif !... Trois villes restent en lice : Tours, Dijon et Lyon. La Mascarade pouvait commencer, avec dans le rôle de Sganarelle, le Sénateur-Maire de Lyon lui-même, Gérard Collomb, superbe enfonceur de portes ouvertes en quelques semaines. En effet, avant ce délai, Gégé dédaignait ce projet. Et, quand Gégé dédaigne, il ne fait pas semblant. Ah! la gueule de Gégé quand il dédaigne. Un vrai « Grand » spectacle. J'utilise l'adjectif « Grand » car il plaît beaucoup à Gégé qui le place à toutes les occasions. Les rares journalistes présents ont vite compris qu'avant la création du projet de Cité Internationale de la Gastronomie, le contenu de la « Restauration » de l'Hôtel-Dieu était un « Grand » vide. Et, quand on traite du vide. Quelle meilleure caution artistique et philosophique qu'Albert Constantin. Là, on ne fait pas pire. Imbu de lui-même, comme tout faire-valoir, Albert Constantin a déjà produit beaucoup d'effets désastreux dans le paysage architectural local. Impunément, en 1998, il a détérioré le stade de Gerland du fabuleux Tony Garnier. Puis, toujours impuni, il détruisit sottement la divine musicalité picturale voulue par René Gagès et Franck Grimal pour l'immeuble emblématique édifié entre 1953 et 1961 à Bron-Parilly. Pas mal pour un expert extra-lucide. Comme tous les beaux parleurs, Albert Constantin revisite notre vocabulaire. Missionné pour trouver des idées dans le cadre de l'avenir de l'Hôtel-Dieu, il ajouta l'adjectif « Grand ». Après Sganarelle, c'était le bourgeois gentilhomme qui était en scène. Du « Grand Théâtre ». Il faut dire désormais Grand Hôtel-Dieu de Lyon. C'est à partir de là que pas mal de gens dans la salle comprirent que nous étions en face d'une imposture. Albert Constantin prenait des allures de Cyrano de Bergerac, sans apporter de crédit au projet qui partait dans tous les sens. Ah ! Mes amis, les secrets de la langue française. Mais, qui allait définir le contenu du projet. Chacun s'interrogeait, un peu inquiet. C'est alors qu'apparut un chef étoilé très célèbre, Régis Marcon, dont personne ne comprenait la présence. Les communicants réunis à grands frais autour de Gérard Collomb avaient eut l'idée géniale. Faire appel à Régis Marcon, vrai porteur de projets pédagogiques autour de la gastronomie. Cette conférence eut un indéniable avantage, elle nous fit comprendre que tous les chefs lyonnais étaient des guignols incapables de défendre, et surtout de soutenir un projet. Le silencieux Jean-Michel Daclin qui n'en pense peut-être pas moins, participa à la sélection de cet ardéchois pur sucre. Nadine Gelas ne prononça pas un mot. Peut-être n'avait-elle rien à dire ? Elle aura pourtant la charge du projet, si la candidature lyonnaise est adoptée. Sans être irrespectueux envers Régis Marcon qui est un vrai spécialiste, Gérard Collomb n'a-t-il pas pris les chefs lyonnais et les Toques blanches pour des cons ? Après les scènes de théâtre à l'italienne jouées par Gégé et Bébert, le sérieux de Régis Marcon emporta l'adhésion du public. Cet ami de la Nature est un sensible bavard qui déclara ne pas vouloir faire : « un Louvre de la Gastronomie. » Il faudrait en avoir les moyens ! Ses projets : former et rayonner avec un pôle de compétence, un centre de concours et d'entraînement, un pôle de recherche, un autre pour l'innovation et la compétitivité des produits, un espace média, un parcours du goût et des arts de la table, etc. Du solide, mais cela suffira-t-il à faire gagner Lyon ? Régis Marcon finit par rendre la parole. Gégé empoigna le micro. Il termina par quelques flatteries et politesses dont il a le secret, avec l'allure effarée d'un être tout à fait excédé... Du coup, il omit de transmettre la parole aux journalistes dans la salle pour d'éventuelles questions. Je sentais le coup venir. Gégé démontrant son peu d'attachement à la Démocratie, voulait esquiver les questions. M'étonnant de sa volonté de s'évader en autocrate contemporain, je l'interrogeais sur deux sujets. Pourquoi avait-il donné l'impression d'hésiter à soutenir ce projet, à s'investir pour Lyon ? Et que devenait le futur musée de la médecine qu'il avait promis par contrat au Professeur René Mornex et aux nombreux adhérents de son association ? Gérard Collomb noya le poisson en prétendant qu'il n'avait pas de financement, qu'il avait sollicité et attendu le consentement d'Eiffage. Et, pour le musée de la médecine, il affirma qu'il trouverait sa place en liaison avec la Cité de la Gastronomie. Hélas, pour Gégé, un flot de questions jusqu'alors retenues montèrent vers lui. Il trépignait, comme sait si bien le faire son exemple, le président François Hollande. On a les modèles qu'on peut. Dans ce domaine, Gérard Collomb a tout essayé ! Pendant ce temps, Jean-François Mesplède parcourait la salle d'un regard vide, cherchant désespérément un éventuel lecteur de son guide. Michel Havard triomphait justement. Il n'était pas pour rien dans l'affolement du maire à préparer la candidature de Lyon. La photo des toqués regroupés autour du Sénateur-Maire, déjà plusieurs fois réalisée, ne parviendra pas à effacer les problèmes, qui rapidement occuperont les médias régionaux et nationaux. Gérard Collomb a bouclé son dossier frénétiquement. En choisissant Régis Marcon comme étendard, il afficha un profond mépris pour les Toques blanches et les chefs lyonnais. Alors ainsi, selon lui, pas un des présents n'était capable de défendre le projet à ses côtés ? Que doivent penser : Laurent Bouvier président des Toques blanches, Pierre Orsi, Gabriel Paillasson, Frédéric Berthod, Jean-Paul Borgeot, Jacotte Brazier, Alex Tournadre, Julien Leguillou, Olivier Paget, etc. Ne sont-ils bons que pour poser devant les photographes ? Seraient-ils des potiches sans cerveaux ? Il est certain que Christophe Marguin, Mathieu Viannay et Joseph Viola qui vendirent leurs âmes à Brake France ne pouvaient symboliser la qualité des produits revendiqués comme principes de base de la future Cité de la Gastronomie par Régis Marcon. Ma position est claire, sans Paul Bocuse, Lyon n'est pas la capitale de la Gastronomie. Lyon au contraire, comme beaucoup de villes françaises, devient le territoire de la bouffe conditionnée, plastifiée qui fait la richesse de Brake France, de Davigel, de Métro, de Promocash, etc. Mortifié par l'attitude de Gérard Collomb qui rompt ses engagements officiels avec lui, le professeur René Mornex, responsable du projet de musée de la médecine et de la chirurgie, qui avait refusé l'invitation du maire, prépare sa contre-attaque, soutenu par Roland Ehret, secrétaire général honoraire de l'Ordre des avocats. Les positions du Professeur René Mornex sont rigoureuses et respectueuses de notre patrimoine. Ce qui n'est pas le cas de tous. Il n'est pas très heureux de voir les 4 000 m2 attribués à son projet bénéficier à la possible Cité de la Gastronomie. Le promoteur Eiffage par la voix de Bernard Vittielo prétend livrer le Grand Hôtel-Dieu qui a déjà six mois de retard, en 2017. Souhaitons-lui bonne chance, quand on voit le temps qu'il faut à la Confluence pour le musée. Nous craignons le pire... Soyons vigilants...