Une vente chez un priseur lyonnais, en 2019...
Bien entendu, nous sommes dans l'inculture, aucune passion n'anime, ni les vendeurs, ni les acheteurs. Ils sont gris et noirs, comme leurs vêtements. Les acquéreurs sont venus pour faire « des affaires » au détriment des artistes. On brade à tour de bras, chez les priseurs. On commence à 50€. Sans aucun succès dans la salle. Piteuse, la priseuse est sans honte. Elle insiste. Personne n'en veut, dans la salle ? 30€, si vous voulez. Non ? Pas de preneur pour cette belle toile (en fait un horrible nanar, d'un artiste inconnu, à juste raison). Cette braderie se fait au mépris de ceux qui, depuis des décennies luttent pour la défense de l'école lyonnaise de peinture par leurs écrits : Henri Béraud, René Deroudille, Jean-Jacques Lerrant, Michel Régnier, Elisabeth Hardouin-Fugier, Denise Mermillon, et moi-même, avec une cinquantaine de livres, plus de 130 films, une revue culturelle nationale depuis plus de vingt ans, et, un blog des arts qui reçoit des milliers de visiteurs. On avait mis en vente deux toiles de Jacques Truphémus preuves de la faiblesse du talent de Jacques Truphémus, à ses débuts. Un plumitif tentait de jouer les experts en se prenant les pieds dans les chevalets. Il fait les mises à prix à sa convenance. 20, 30, 100, 200, 500 euros selon son caprice. On a vu, un nu intéressant de Patrice Giorda ne pas dépasser les 400€. Le débalage de toiles en ruines, peintes dans sa jeunesse par notre amie, Alice Gaillard n'œuvrait pas pour sa reconnaissance. Une tragédie ! Présentant une œuvre de Jean Janoir, le sinistre expert prétendit qu'il s'agissait d'une œuvre de la série des Bibliothèques qui avait remporté un large succès, pendant la dispersion de son fonds d'atelier. Erreur, il n'en était rien. Toute la prestation de l'expert fut une pantalonnade. Les annonces étaient tronquées, les prix approximatifs ce qui achevait la pitoyable ambiance de cette vente plus proche du marché aux puces que d'une soirée chez Sotheby's. Jean Fusaro atteignit péniblement les 4000 euros, alors, que Jean Jansem grimpait au-delà des 10 000 euros. Adrien Godien avec une gigantesque nature-morte, témoignage de son véritable talent, ne fit que 680 euros. Parmi les artistes, impitoyablement ridiculisés, par cette mascarade : Léon Garraud, Auguste Ravier, Etienne Morillon, Antoine Chartres, Pratx-Bernard, René Chancrin, René Jaros, Lucien Marduel, etc. Une petite composition superbe en couleur de Marie-Thérèse Bourrat atteignit laborieusement les 60€. Victime de la politique des priseurs, Robert Duran ne trouva pas preneur. Heureusement pour eux, il y avait Internet pour écouler ces contestables marchandises à des prix indignes. On amorçait à 10 euros. En veut-on ? En veut-on ? S'époumonnait la priseuse. Dans la salle, il fallait attendre les résultats d'Internet. Plus de trois heures pour bazarder à peu près deux cent numéros. La priseuse s'amusait avec son marteau, différant sa décision, semblable à une mendiante, pour gagner dix à vingt euros. Un scandale impardonnable ! Voici, le climat désespérant pour les vrais amateurs de peinture, entretenus par les priseurs, et leurs experts crétinesques, dans une ambiance poussiéreuse, fidèle au pire XIXe siècle.