Christian Têtedoie, en communion avec la nature profonde des lyonnais gourmets…
Il y a bien longtemps que je souhaitais retrouver les saveurs de la cuisine inventive de Christian Têtedoie. Je n’étais pas encore monté vers ce lieu, où des générations de lyonnais étaient soignés, face à cette vue panoramique qui fait désormais la spécificité de cet élégant restaurant gastronomique où Christian Têtedoie s’exprime librement. Lyon peut devenir une ville piégeuse. Beaucoup succombèrent à ses maléfices mystérieux. Pour faire carrière ici, il faut de la prudence, encore et toujours, et beaucoup de modestie. Modeste, Nicolas Le Bec l’était devenu, trop tard, nous avons assisté au triste sort qui lui fut par certains réservé. Il n’est pas toujours glorieux, chez nous, d’apparaître comme un pionnier. Christian Têtedoie en sait quelque chose. La consécration, il l’a patiemment attendue. Actuellement, elle marche à ses côtés, surtout, depuis qu’il a recentré son activité. Les clients sont présents en nombre, contrairement à ce que prétendent quelques langues chafouines. Je peux en témoigner. Et puis, comme on est bien dans les chaises pivotantes, conçues par Mario Vescovi, qui permettent de s’orienter aisément de gauche à droite, pour apprécier le paysage dans une vision à 180 degrés. L’architecture est l’œuvre de Mathias Soulier. A midi, la brasserie fonctionne sur le principe de la Plancha. J’atteste que la cave atteint un niveau supérieur. La preuve en est faite, par la présence de Jérôme, un sommelier efficace et talentueux que j’ai connu chez Manuel Viron, à la Maison Borie, hélas disparue, et qui officie dans le bon établissement de Christian Têtedoie, depuis six ans. Nous avons apprécié un cru d’Alsace, un Langenberg 2009, alliage d’un muscat Riesling et d’un Pinot noir. Si nous n’étions pas dans le sublime, nous n’en étions pas loin. Je dis nous, car, j’étais accompagné par Me Christian Morel, maintenant expert en gastronomie. Ensuite, nous fîmes honneur à un Chassagne-Montrachet 2010 (vin préféré de l’excellent peintre, Jean Fusaro) Domaine Bernard Moreau et fils, puis nous achevâmes notre parcours par un Flume-Domaine Poncié 2011 de chez Pierre-Marie Chermette. Que le Beaujolais soit à l’honneur, n’est pas pour me déplaire… Lorsqu’il était encore au Jean Moulin, Christian Têtedoie fit une partie de sa réputation, sur une composition stupéfiante le homard-tête de veau. Etrange en apparence, mais vraiment succulente. Il faut préciser : « braisée en écailles de champignons perles de céleri fondantes, gribiche déstructurée, réduction carotte et jus de homard ». Je vous recommande vivement ce geste de création pure. Je tiens à rappeler que Christian Têtedoie fut, depuis ses débuts, très attaché à la fraîcheur de tous les produits qu’il utilise avec talent. Il fut même, un des premiers soutiens du marché de Vourles. Comment oublier les terrasses, les vastes espaces ou l’Art contemporain trouve un territoire à sa mesure ? Pour attester du goût de Christian Têtedoie pour la culture contemporaine, son « oeuf au plat » , qui derrière une trompeuse apparence révèle une habileté et un savoir-faire hors-les-normes. Nous quittons le réel, qui bien souvent est déjà un mensonge, pour entrer dans le pays enchanté des contes de Grimm, ou plutôt de Mark Ryden. En pénétrant bientôt, dans ce lieu de bonheur, vous rencontrerez peut-être deux admirateurs de Christian Têtedoie et de son art : Richard Martinez, diffuseur de presse apprécié pour sa rigueur, et Magali Treillard, conseiller avisé dans le domaine des vins et des spiritueux. Restaurant Têtedoie, gastronomique. Montée du Chemin-Neuf-Lyon 5e. 04 78 29 40 10 ou restaurant@tetedoie.com