Coronavirus. Un temps pour lire : Kessel ou Sur la piste du lion / Plon
Compagnons et compagnes du coronavirus, même si vous n'êtes pas un grand lecteur(trice), si je peux me permettre de vous donner un conseil qui vous fera passer quinze jours, trois semaines ou un mois, selon votre appétit de lecture, c'est de lire la biographie de Joseph Kessel parue en format poche chez Plon. 1500 pages vous accompagneront et vous apprendront à connaître l'exceptionnel « homo kesselian ». Pour comprendre à cœur cet homme unique, cherchez sur votre ordi les Dimitrievitch, Valia et Dimitri. Les chants tziganes vous feront vibrer au plus profond de la personnalité de Kessel qui les adorait. Les cent premières pages qui s'avalent d'un trait, comme le reste du livre, concernent la vie de ses parents russes, Samuel Kessel et Raïssa Lesk, sa naissance en Argentine, le 31 janvier 1898, puis les débuts incroyables de cette jeune famille. Une épopée. Joseph Kessel, le premier né faillit mourir. Comment imaginer qu'un nourrisson squelettique et souffreteux, sauvé de justesse grâce à du lait d'anesse deviendrait ce colosse à la santé insolente? Il fallait un auteur comme Yves Courrière (1935-2012), écrivain et grand reporter qui eut la chance de devenir son ami pendant les vingt dernières années de sa vie. Fidèle au legs de Jef : « Ne pas juger, et ne rien cacher d'un sang qui est profond et pur », il a mis plus de six ans à concevoir ce monumental itinéraire (parution en 1985), peuplé de magnifiques rencontres. Dès ses débuts, à l'âge de seize ans, Kessel écrivait : « Je l'atteindrai, ce gueux d'idéal ! ». Tout son parcours fut guidé par sa curiosité du monde et des humains, et sa fascination pour la violence élémentaire des instincts. D'une nature curieusement timide, à la fois tendre et explosive, Jef ne passait jamais inaperçu. Accro à la peur et à l'aventure comme à l'alcool, au jeu et aux femmes, il était ingérable. Grand casseur et mangeur de verre, ceux qui l'aimaient lui pardonnaient tout. Lui, ne se pardonnait rien. Riche d'une vie partagée entre une incroyable baraka et des malheurs tout aussi intenses, Il était supertitieux, sentimental, mélancolique, colérique et violent, d'une bonté foncière, toujours du côté des opprimés, avec un sens aigu de l'amitié. La plus pure âme slave dans tous ses excès, fort de sa devise, « Tout est permis ». Avec Jef grand reporter, vous parcourrez le monde d'une façon inusitée. et vous reconnaîtrez ce très grand écrivain, qu'il faut lire et relire. Il s'éteindra sur ces mots, «…le monde est merveilleux », le 23 juillet 1979, le premier jour du signe du Lion ! A lire absolument. Cent ans après la création de la « Bibliothèque Plon », la maison d'édition fait renaître sa collection de livres de poche. Broché. Format : 10 x 17 cm. 1536 p. 17€. Paule Martigny